“Marxisme noir” de Cedric Robinson, ou la généalogie de la conscience révolutionnaire africaine
Classique de la pensée radicale noire, paru en 1983 en anglais, Marxisme noir de Cedric Robinson est enfin traduit en français aux Éditions Entremonde. Proposant une révision du sens des révoltes des esclaves noirs, discutant le concept de « capitalisme racial » et les auteurs de la « tradition radicale noire » tels que W. E. B. Du Bois ou Richard Wright, il a aussi inspiré le mouvement Black Lives Matter.
Le philosophe Norman Ajari nous en propose une lecture enthousiaste.
Marxisme noir, du théoricien politique afro-américain Cedric Robinson (1940-2016), est disponible en français. Paru pour la première fois il y a une quarantaine d’années, ce livre-somme est un classique de la théorie critique de la fin du XXe siècle. Démesurément ambitieux, il offre à la fois une histoire longue de l’éveil du racisme européen moderne et, comme en vis-à-vis, une genèse de l’activisme et de la pensée révolutionnaires noires.
Si l’ouvrage, épais et dense, au style allusif et labyrinthique, fascine depuis longtemps étudiants et jeunes chercheurs aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, c’est en partie du fait des malentendus et des querelles d’interprétation qu’il rend possible. Son titre lui-même n’est pas sans embarras. Le marxisme noir dont il sera question n’est en effet pas à proprement parler l’objet du livre, mais plutôt l’annonce d’un paradoxe.
Le statut de ce titre évoque celui d’un célèbre ouvrage de Jacques Derrida : De la grammatologie (1967). Au tiers du livre, l’auteur nous annonce que cette fameuse « grammatologie », cette science de l’écriture qu’il se proposait de questionner, est en réalité impossible. Il consacrera donc le reste de ses efforts à ce qui constitue le ressort intime de l’écriture, à savoir la question de la différence. De la même manière, Robinson nous fait vite comprendre que ce fameux marxisme noir n’existe pas. Si les Noirs d’Afrique et des Amériques ont à ses yeux tout à gagner en embrassant un projet socialiste de libération, celui qui s’est donné sous le nom propre de Karl Marx n’est pas exempt de critiques.
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