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Suzanne Aubert et Claude Duparfait dans “L’École des femmes” de Molière  – Mise en scène de Stéphane Braunschweig © Simon Gosselin

Théâtre

Molière, à la bonne école

Cédric Enjalbert publié le 14 novembre 2018 3 min
En adaptant “L‘École des femmes” de Molière, le metteur en scène Stéphane Braunschweig explore le versant noir de la comédie, sur fond de domination masculine.

Stéphane Braunschweig parle Molière couramment. En montant L’École des femmes, le directeur de l’Odéon – Théâtre de l’Europe expose avec exactitude le versant le plus inquiétant de cette comédie noire, dont les vers prennent un tour frappant après #metoo. 

Ainsi, quand le vieil Arnolphe entend exercer sa domination sur Agnès, qu’il a mise au couvent encore jeune fille pour en faire sa femme, une épouse qu’il rêve pure et préservée des vices de la société, il affirme tout de go :

« Votre sexe n’est là que pour la dépendance :
Du côté de la barbe est la toute-puissance.
Bien qu’on soit deux moitiés de la société,
Ces deux moitiés pourtant n’ont point d’égalité »

Pour donner corps à la folie de ce barbon, animé par la peur d’être cocu et plus généralement de l’autre, le metteur en scène a sollicité Claude Duparfait. Avec une verve comique mêlée d’effroi, l’acteur incarne un modèle de domination et de violence masculines. Tantôt risible tantôt inquiétant, il expose ses faiblesses et ses ambivalences fanatiques, celle de père, de mari et d’amant. Car l’amour frustré qu’Arnolphe porte à Agnès, remarquablement interprétée par Suzanne Aubert sans jamais verser dans l’enfantillage, est teinté d’un trouble incestueux. Il suffit que le rideau soit tiré sur l’un de ces grands pans vitrés qui servent de décor et que la scène soit plongée dans le rouge pour évoquer le viol.

Éducation négative

Plusieurs parois transparentes figurent une série de boîtes hermétiques, au sein desquelles Agnès est retenue, dans un enfermement physique et dogmatique. À mesure que la pièce progresse, elles se lèvent jusqu’à dégager un plateau nu. Arnolphe, en amant lamentable, pantalon sur les chevilles, déclare sa flamme fanatique à Agnès, avant d’être alors confronté à son rival, Horace. Agnès s’enfuit avec ce jeune amant dont elle est parvenue à s’éprendre, depuis sa prison dorée, alors qu’il passait sous ses fenêtres. Les dernières répliques de cet homme ne laissent cependant guère présager d’un avenir meilleur...

Parviendra-t-elle à gagner son émancipation avec Horace ? Et comment maîtriser son existence sinon celle de l’autre ? Les questions soulevées par Molière, ravivées par Stéphane Braunschweig avec son couple d’acteurs merveilleux, dessinent par contraste les voies d’une émancipation, pour une éducation qui ne soit pas une simple domestication. Une dernière question émerge : où Agnès a-t-elle trouvé le ressort de son insoumission, l’envie de n’être plus « bête », elle qui a été mise à l’écart de toute forme de culture et de sociabilité, dressée selon le vœu d’Arnolphe d’en faire un « morceau de cire » et de lui « donner la forme qui [lui] plaît » ? Voilà tout le mystère de la pièce. 

Pour poursuivre la réfléxion,
assistez au dialogue entre le metteur en scène Stéphane Braunschweig et la philosophe Catherine Kintzler en partenariat avec Philosophie magazine le 5 décembre ☛

Informations

L’École des femmes de Molière

Mise en scène et scénographie : Stéphane Braunschweig

Avec : Suzanne Aubert, Laurent Caron, Claude Duparfait, Georges Favre, Glenn Marausse, Thierry Paret, Ana Rodriguez, Assane Timbo

Collaboration artistique : Anne-Françoise Benhamou

Costumes : Thibault Vancraenenbrœck

Collaboration à la scénographie : Alexandre de Dardel

Lumière : Marion Hewlett

Son : Xavier Jacquot

Vidéo : Maïa Fastinger

Maquillages/coiffures : Karine Guillem

Assistante à la mise en scène : Clémentine Vignais

 

Odéon – Théâtre de l’Europe

Du 9 novembre au 29 décembre, du mardi au samedi à 20 heures et le dimanche à 15 heures

De 6 à 40  €

01 44 85 40 40 / www.theatre-odeon.eu

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