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Nicholas Nassim Taleb en 2018 © Édouard Caupeil

Nassim Nicholas Taleb: “Mieux vaut avoir la conscience de l’ignorance que la certitude du savoir”

Nassim Nicholas Taleb, propos recueillis par Catherine Portevin publié le 25 avril 2018 17 min

Ancien trader star de Wall Street ayant grandi dans un Liban en guerre et admirateur de Montaigne ou de Sextus Empiricus… Nassim Nicholas Taleb est un drôle d’oiseau. C’est d’ailleurs grâce à un volatile devenu concept, le « cygne noir », qu’il a donné les moyens de penser les crises financières de 2001 et de 2008. Dans un monde de plus en plus incertain, cet iconoclaste invite à « jouer sa peau » et à refonder la morale à l’épreuve du risque.

Un pied chez les Anciens, un autre à Wall Street : deux mille cinq cents ans d’histoire, et neuf mille kilomètres entre l’est de la Méditerranée, où il est né, et l’est des États-Unis, où il vit la plupart du temps. De ce grand écart, Nassim Nicholas Taleb a fait sa philosophie de la vie. Une vie qui est fondamentalement incertaine et risquée : action, hasard, désordre, ignorance, compréhension. Né dans la montagne libanaise, il est tôt devenu l’un des traders le plus célèbres de New York dans les années 1990. Fortune faite, il a jeté sa cravate dans une poubelle de la Grosse Pomme, a filé étudier les mathématiques probabilistes, a relu Montaigne, s’est gavé des stoïciens et des sceptiques, et a décidé de passer le reste de son âge à lire et à écrire. En 2007, Le Cygne noir, livre dans lequel il théorise le rôle dans l’histoire des événements rares, imprévisibles et aux conséquences extrêmes sera lu comme une prémonition du krach financier survenu l’année suivante. Depuis, outre des conférences en entreprise, des consultations auprès de gouvernants et des articles savants sur la gestion du risque, il déroule opus après opus une méditation active. Il y met toute la vie, l’ordinaire, le politique, le financier, l’histoire, l’anecdote, la philosophie, les probabilités, les fractales, le « monde réel » et la liberté. Il a donné à ses « Essais » le titre générique d’Incerto. Dans les milieux économiques et politiques, c’est une star. Il est tout autant libéral que conservateur. Il adore déconcerter.

Il avait prévenu de son passage à Paris trois jours à l’avance seulement. Il déteste encombrer son agenda, refuse les invitations à fort décalage horaire et les honneurs académiques, ne répond qu’à cinq e-mails par jour, ne boit et ne mange que des aliments qui ont un nom en grec ou en hébreu anciens (café excepté), lit soixante heures par semaine, n’aime ni les banquiers, ni les intellectuels, ni les journalistes. De son éditeur en France, Les Belles Lettres, il peut préférer recevoir des caisses de classiques antiques issus de la collection Budé au lieu de ses droits d’auteur. « Comme tous ceux qui aiment le risque, je ne suis pas facile à vivre », reconnaît-il. Insaisissable, pensant à toute vitesse, prenant les tangentes, Nassim Nicholas Taleb, une fois là, est vraiment là… surtout quand on lui demande de parler de Sextus Empiricus et de Sénèque plutôt que de prédire le taux de change euro-dollar ou l’éclatement de la bulle du Bitcoin…

 

Nassim Nicholas Taleb en 6 dates

  • ???? Naît à Amioun (Liban), à une date qu’il aime laisser incertaine.
  • 1983 Passe un Master of business administration (MBA) à la Wharton School (Université de Pennsylvanie)
  • 1984 Devient trader à Wall Street
  • 1998 Soutient un doctorat de management à l’université Paris-Dauphine. Il fonde Empirica Capital LLC, société d’investissement et laboratoire de recherche
  • 2007 Fait paraître The Black Swan, livre qui connaît un succès mondial. Il s’en vendra 50 000 exemplaires en France après sa traduction en 2012
  • 2008 Est professeur émérite d’ingénierie du risque à la Tandon School of Engineering de l’Université de New York

Vous étiez adolescent au Liban au début de la guerre. Comment cette expérience a-t-elle formé votre pensée de l’incertitude et du risque ?

Nassim Nicholas Taleb : Cette expé­rience n’est pas une pensée, ce sont des souvenirs de peur, de survie dans l’imprévisible. La guerre fait partie de ces événements rares et extrêmes qui obligent à se forger une attitude face à eux. Mais, contrairement à ce que l’on peut croire, la guerre n’est pas pour moi l’élément décisif. Je garde du Liban une pensée plus profonde dans laquelle est ancré mon amour de la civilisation occidentale, qui est née dans cette région du monde où j’ai vu le jour. Avant Athènes, Rome, Constantinople, il y avait la Phénicie. L’Europe naturelle et historique, c’est la Méditerranée – vous savez que d’après la légende, Europa est la fille du roi de Tyr enlevée par Zeus jusqu’en Crète. Je me sens viscéralement attaché au monde méditerranéen antique, je suis fasciné par les langues anciennes (de l’alphabet cananéen à l’hébreu ancien en passant par l’araméen, le grec et le latin…), je fais même des recherches génétiques sur les bassins de population, ce qui m’a permis de retrouver beaucoup de traces d’ADN romain au Liban.

 

Lisiez-vous déjà Cicéron, Sextus Empiricus et Sénèque avant de devenir trader aux États-Unis ?

On lit deux fois dans la vie. La première fois, quand on est gosse, et là, on se gave de littérature. C’est ce que j’ai fait, en lisant surtout les classiques des XIXe et XXe siècles. La seconde, quand on est devenu indépendant et que l’on cherche dans les livres la nourriture dont on a besoin. Montaigne a été mon maître, et c’est grâce à lui que je suis entré chez les Anciens. Montaigne parlait peu le grec, son inspiration est majoritairement latine. Pour moi, il existe deux écoles d’érudition : Érasme et Montaigne. Érasme, c’est le savoir livresque ; Montaigne, c’est la liberté de pensée d’un l’homme qui se retire après une vie active et interroge sa connaissance de ce qu’est bien conduire sa vie. Je préfère de loin Montaigne. Il me parle, de même que, lorsque, par son intermédiaire, j’ai lu Cicéron et Sénèque, je me suis senti chez moi. 

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Article issu du magazine n°119 avril 2018 Lire en ligne
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