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Parler, est-ce le contraire d’agir ?

Nicolas Tenaillon publié le 5 min

Analyse des termes du sujet

« parler »

Synonymes : s’exprimer, discourir, communiquer (ce qui implique la présence d’autrui : un auditeur)…

« est-ce » 

Entraîne la recherche d’une essence ou d’une équivalence.

« contraire »

Désigne l’opposé strict, ce qui suggère, en cas de réponse négative, la quête d’une simple différence, voire d’une équivalence.

« agir »

Opération propre à un être animé (agir suppose un agent) qui modifie le réel (sans quoi l’action se confond avec la simple intention).

Défrichage

Premières intuitions

Il est courant d’opposer la parole et les actes en déplorant la faiblesse des mots, leur incapacité à modifier quoi que ce soit. Le sujet interroge la justesse de cette opinion : est-il si vrai que parler est une activité sans effets concrets dans le monde réel ?

Le contraire ne signifie pas le contradictoire. C’est une différence maximale mais qui n’exclut pas la possibilité d’une option tierce. Se taire ne signifie pas nécessairement agir et, inversement, rester inactif n’implique pas forcément qu’on parle. Le sujet ouvre donc vers d’autres choix…

Parler est un verbe d’action (et non un verbe d’état). On pressent donc qu’une réponse positive au sujet est peu probable et qu’il faudra décliner les différentes formes d’agir compatibles avec la parole.

 

Exemples qui viennent à l’esprit

On observe souvent qu’il y a des « beaux parleurs » qui n’agissent pas (l’inactif Pangloss dans Candide dont le nom signifie : « qui parle de tout »). Inversement, il existe des « hommes de l’ombre » qui sont très actifs mais qui parlent peu, voire restent silencieux (Joseph Fouché, le ministre de la Police de Napoléon, réputé impassible et secret).

La parole semble particulièrement puissante en politique : le serment du Jeu de paume, le 20 juin 1789, lance la Révolution française ; la propagande des États totalitaires, dénoncée par George Orwell dans 1984, empêche la réflexion critique des citoyens.

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