Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

Construction de la Gare Villejuif-Gustave Roussy, en 2020. © Société du Grand Paris/Laurent Villeret

Passion BTP

Cédric Enjalbert publié le 10 novembre 2023 3 min

« J’ai plongé dans un gouffre. Mesurez un peu : un trou de de 70 mètres de diamètre et 48 mètres de profondeur. Neuf étages sous terre. Pourtant, tout au fond, j’ai vu la lumière. Je ne suis pas un spéléologue fou, ni traversé par une crise mélancolique ; j’ai visité l’une des nouvelles stations de métro du Grand Paris Express. J’en parle beaucoup à la rédaction et mes collègues n’en peuvent plus. Serez-vous plus réceptifs ?

Je passe, curieux, devant ce chantier mystérieux depuis un moment. C’est à Villejuif, en banlieue parisienne, face à l’Institut Gustave-Roussy. De grandes palissades le cachent ; j’ai été invité à sauter la barrière pour une visite des travaux, guidé par l’architecte Dominique Perrault qui a conçu cette gare. Un ascenseur mène lentement dans les entrailles de la butte. La lumière parvient au plus profond grâce à une ouverture zénithale, si bien qu’en levant la tête pour mesurer la dimension spectaculaire de cette composition de béton, de métal et de verre, avec ses escaliers monumentaux et ses parois réfléchissantes, on se croirait chez Piranèse. Ici, se croisent les lignes 14 et 15 du métro parisien, qui démarreront l’an prochain.

Le Grand Paris Express est le plus grand chantier d’Europe. Mais, avec ses centaines de kilomètres de galeries et ses 68 gares en construction, il n’intéresse bizarrement pas grand monde. Une exposition à la Cité de l’architecture vient d’ouvrir ses portes, afin de populariser ce projet d’infrastructure amené à bouleverser le quotidien de millions de citadins : Métro ! Le Grand Paris en mouvement. Où l’on découvre que chaque nouvelle gare a été conçue par un architecte différent en dialogue avec un artiste auquel une commande a été passée – à Villejuif, ce sera Iván Navarro, qui a conçu un plafond lumineux évoquant des astres.

Métro, béton, chantier… On connaît plus sexy, je vous l’accorde ! Mais voici trois raisons expliquant cet amour de BTP.

• Le sentiment du sublime. Ces travaux du “génie civil”, permis par des engins surdimensionnés, impressionnent par leur gigantisme. Comme le dit Cynthia Fleury dans l’un des films projetés dans l’exposition, “le Grand Paris, c’est d’abord un monstre” et “une échelle inhumaine, une mégalopole délirante”. Cette immensité qui dépasse l’entendement, cette monstruosité séduisante, renvoient à ce que les philosophes romantiques, dont Burke, appellent (à propos de la nature) le sentiment du “sublime”, “capable de susciter la plus forte émotion que l’âme puisse ressentir”.

• Une nouvelle carte mentale. La transformation de ce réseau de mobilité invite à renouveler nos habitudes et nos perceptions. Cette extension souterraine de la métropole redessine “la carte et le territoire”. Le philosophe et logicien Alfred Korzybski, à qui l’on emprunte cette expression, affirmait qu’il fallait qu’une carte ait “une structure similaire à celle du territoire”. Or on sait la complexité des plans de métro, dont un vieux panneau indicateur lumineux témoigne dans l’exposition, qu’on actionnait en appuyant sur un bouton correspondant au nom de la destination choisie afin de connaître le meilleur trajet. C’est cette logique de la représentation que le Grand Paris invite à repenser intégralement.

• Une mythologie renouvelée. Enfin, le métro ouvert à Paris en 1900 est devenu un objet de culture populaire présent dans la littérature, le cinéma, la musique… Il est devenu ce que Roland Barthes appelle une “mythologie”. Non seulement un moyen de transport mais aussi un “système de communication” et de “signes”. De quelle idéologie ce réseau express est-il l’expression ? De l’accélération et de la mobilité dont nos vies contemporaines sont faites. »

➤ Recevez la newsletter quotidienne et gratuite de Philosophie magazine dans votre boîte mail. Et pour profiter de tous nos articles, choisissez l’offre d’abonnement payante qui vous convient le mieux.

Expresso : les parcours interactifs
La dissertation
Une dissertation n’est ni un journal intime, ni une restitution de cours. Pour éviter le hors-sujet, il faut savoir approcher l’énoncé et formuler une bonne problématique. 
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
2 min
La citadellisation des métropoles
Cédric Enjalbert 11 juin 2019

Le prix des logements dans les grandes villes françaises, et notamment à Paris, augmente au point de chasser les classes moyennes. Le géographe…

La citadellisation des métropoles

Article
3 min
Barbe de hipster. Le poil à gratter de la virilité
Tobie Nathan 20 février 2019

Cette toison savamment entretenue est arborée depuis quelques années par les « branchés » des grandes métropoles occidentales. Une…

Barbe de hipster. Le poil à gratter de la virilité

Article
2 min
Composteur d’appartement. La résurrection sur le balcon
Tobie Nathan 30 juillet 2018

Le traitement des ordures est un enjeu majeur pour les grandes métropoles, qui ont tendance à les rejeter à leur périphérie. Ne faudrait-il pas plutôt leur faire une place chez soi, grâce à ces bacs qui permettent de produire de la vie…


Article
3 min
Taxi volant. Voyage dans le ventre de la mère
Tobie Nathan 09 janvier 2023

Ce véhicule devrait être mis en service lors des jeux Olympiques de 2024. Il promet de nous faire planer au-dessus des grandes métropoles dans un…

Taxi volant. Voyage dans le ventre de la mère

Article
28 min
Chine. L’empire de la vitesse
Hartmut Rosa 10 janvier 2018

En quelques décennies, ce pays est passé du Moyen Âge à l’hypermodernité. Le sociologue allemand Hartmut Rosa, théoricien de l’accélération, s’est…

Chine. L’empire de la vitesse

Article
6 min
Quand la France périphérique se rebiffe
Marion Lemoine 26 octobre 2016

Dans un nouvel essai rageur, “Le Crépuscule de la France d’en haut”, le géographe Christophe Guilluy prolonge ses thèses sur la fracture hexagonale entre métropoles et territoires “périphériques” que la représentation politique ignore…


Article
1 min
La métropole de l’homme blasé
27 novembre 2012

Morning Sun (1952)


Article
9 min
La fracture du Bosphore
Olivier Abel 20 septembre 2012

À Istanbul, métropole occidentale de la Turquie, les républicains laïcs appuyés par l’armée affrontent les courants favorables à une islamisation de la société. Les premiers invoquent Rousseau et Kant, tandis que les seconds brandissent…


À Lire aussi
Chris Younès : “La ville est un organisme vivant”
Chris Younès : “La ville est un organisme vivant”
Par Octave Larmagnac-Matheron
janvier 2021
C’est quoi, une belle ville ?
C’est quoi, une belle ville ?
Par Octave Larmagnac-Matheron
janvier 2022
Disneyland, notre monde réel
Par Michel Eltchaninoff
septembre 2012
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Passion BTP
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse