Pendant que j’y pense / mars 2016

Catherine Portevin publié le 2 min

Cela fait un bout de temps que quelque chose nous pèse avec le temps. Le présent, à force d’accélération et de consommation de petits bonheurs fugaces, commence à nous fatiguer. Le retour vers le passé, franchement, sent un peu le rance des bons vieux temps et du fantasme des origines. Quant à l’avenir, c’est un lieu commun de rappeler que l’idée de progrès a pris du plomb dans l’aile, de même que les lendemains qui chantent et les espérances religieuses. Nous voilà donc bloqués dans un temps immobile, détachés de la rassurante continuité des héritages, angoissés ou amorphes. Et pourtant, il semblerait que s’ouvrent à tâtons dans le noir des appétits d’horizons plus actifs et moins résignés. C’était déjà le sens du beau livre de Michaël Fœssel, Le Temps de la consolation (Seuil) qui plaidait pour une position résolue « d’inconsolé ». Bon, pas encore de quoi sauter de joie, en effet, mais une saine préoccupation : comment se réveiller ? Comment ne se laisser endormir ni par le nihilisme ni par les pensées réconciliatrices ? Voici une autre tentative, que Fœssel jugera sûrement un peu trop « réconciliée » sur cette question osée : L’espoir a-t-il un avenir ? (Flammarion, 270 p., 19 €) de Monique Atlan et Roger-Pol Droit. Quoique ses auteurs s’en défendent à bon droit, le livre a un petit côté « pensée positive », mais nulle naïveté ou fausse sagesse « à gri-gri ». Ils sentent d’intuition que la prudence, la patience et l’incertitude sont de mise pour dessiner aujourd’hui un espoir collectif crédible. Après une traversée philosophique de cette notion mal aimée des philosophes, ils cherchent surtout à définir une attitude plus que des idées, une position dans le temps, qui « fabrique du temps », de la mémoire et de l’attente. C’est un peu flou, comme l’espoir.

Expresso : les parcours interactifs
Comment résister à la paraphrase ?
« Éviter la paraphrase » : combien de fois avez-vous lu ou entendu cette phrase en cours de philo ? Sauf que ça ne s’improvise pas : encore faut-il apprendre à la reconnaître, à comprendre pourquoi elle apparaît et comment y résister ! 
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