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Le long de la Lys, dans le Pas-de-Calais. © Patrick Tournebœuf/Tendance Floue

Pentecôte

Philosophie des jours fériés

Clara Degiovanni publié le 24 mai 2021 3 min

Contrairement à ce que l’on croit, la France n’est pas le champion mondial des jours fériés. Nous en avons onze : c’est moins que l’Argentine qui en compte 19 mais plus que le Vietnam qui en a seulement cinq. Les jours fériés, du latin ferior qui signifie « être en fête, chômer », sont censés être des jours sans travail. Mais dans les faits, hormis le 1er mai, fête du travail obligatoirement chômée, ils ont de plus en plus tendance à être des jours comme les autres. Un nombre croissant de travailleurs se retrouve en effet privé de ces pauses calendaires. Alors, à quoi servent-elles vraiment ? Les jours fériés ont-ils encore un sens individuel et collectif où ne sont-ils que la marque incertaine d’une fête ou d’un événement dont on ne connaît parfois même plus l’origine exacte ? Selon le philosophe Vladimir Jankélévitch, les jours fériés sont des divertissements qui annoncent l’arrivée de quelque chose de plus grand que nous. Réjouissons-nous, car ils préparent un « avenir passionnément espéré ! »

 

  • Les jours fériés peuvent certes ressembler à un long dimanche mélancolique

Si on ne travaille pas ce jour-là, on risque en effet de le vivre comme un moment de spleen. Il y a selon Jankélévitch une « mélancolie des jours fériés » qui a tendance à rendre un peu las, voire triste. Mais cette petite déprime est pour lui un luxe : celui de ne pas travailler. « Cette infortune dorée s’appelle l’ennui », écrit-il dans l’Aventure, l’ennui, le sérieux (1963). L’indolence créée par le jour férié se retrouve dans son étymologie. Du latin ferior, il a également donné feriatus qui signifie « oisif ». Le jour férié est donc un jour d’oisiveté, où chacun se trouve renvoyé à lui-même. 

 

  • Ils permettent un loisir fécond 

Mais attention, un oisif n’est pas un paresseux et le jour férié n’est pas du temps perdu. Il est au contraire un « temps récupéré » absolument fondamental. « Le cortège des heures fériées » permet en effet de marquer une pause dans la frénésie des semaines qui s’enchaînent et se ressemblent. Selon Jankélévitch, ces heures chômées favorisent la prise de recul et permettent « cette longue maturation qui manquera toujours aux réussites prématurées ». Ces moments de « temporisation qui aèrent peu à peu notre conscience » offrent un surcroît de lucidité et permettent de prendre des décisions plus réfléchies. À la fois « heureuse quiétude » et « lenteur féconde »… les jour fériés ont décidément tout pour plaire. 

 

  • Ils embellissent les autres jours du mois 

C’est notamment ce qui fait la beauté de la période de Noël selon Jankélévitch. « L’attente du jour férié illumine, par une sorte de rayonnement rétroactif, la vigile [veille de la fête] qui le précède et l’avent tout entier qui le prépare ». Les jours fériés, bien plus que des simples repères temporels, éclairent les jours qui l’environnent. Une manière d’expliquer aussi le charme si particulier du mois de mai français… et de ses multiples ponts ! 

 

  • Ils sont une manière de tromper l’ennui existentiel 

Les jours fériés rythment la vie et scandent le quotidien. L’année, au lieu d’être un immense bloc de 365 jours est ainsi organisée en périodes comme Noël ou Pâques. Pour Jankélévitch, les jours fériés sont donc une manière de garder patience. Ils « subdivisent et fractionnent l’attente […] du grand jour ou de la fin des temps en petites attentes segmentaires ». Bon, certes, tout le monde n’attend pas la fin des temps. Mais ces « commémorations intermédiaires, diversifiant la durée en laps de durée » ont le mérite de raccourcir le temps long de l’existence collective. Elles permettent parfois de prendre son mal en patience en attendant qu’un « avenir passionnément espéré » surgisse. En théorie, tout ira mieux, donc, après cette pause de la Pentecôte. 

Retrouvez l’hommage de Sylvain Tesson à l’enseignement de Jankélévitch
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