Pourquoi avons-nous besoin d’aventure ?

Comme tous les matins, votre réveil sonne. Et comme tous les matins, vous vous habillez, vous avalez votre sempiternel café avant de filer – comme chaque jour – prendre le métro… Cette routine finit par vous peser. Vous avez envie que quelque chose d’inédit survienne. Bref, vous avez soif d’aventure ! Mais à quoi répond ce désir ? C’est la question qu’explorent Pascal, Descartes, Nietzsche et Jankélévitch. 

Pour fuir l’ennui 

Blaise Pascal (1623-1662)

Sans aventure, vous risquez de vous ennuyer. Et qu’il y a-t-il de pire que l’ennui ? Pour Pascal, pas grand-chose… Dans ses Pensées, il affirme que « rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application ». Nous sommes incapables de « demeurer en repos dans une chambre ». Si nous ne sommes pas occupés, nous pensons à notre condition humaine, mortelle et misérable. Alors, nous nous divertissons. Le divertissement au sens que lui donne Pascal est une stratégie que nous mettons en place afin d’éviter de nous retrouver face à nous-mêmes. Se divertir, c’est, étymologiquement, se détourner de ce qui est important – le mot est issu du latin vertere, « tourner » –, et le divertissement concerne ainsi toutes les activités auxquelles nous nous adonnons pour éviter un rapport profond à soi. À ce titre, l’aventure en fait partie. Parcourir le monde, c’est se fuir soi-même pour embrasser une multiplicité de situations et d’activités. Si nous avons besoin d’aventure, c’est en somme pour ne pas trop penser.