Pourquoi y a-t-il des œuvres d’art dont on ne se lasse jamais ?
Les œuvres d’art que nous chérissons le plus ne sont pas toujours les plus belles, ni les plus réussies. Mais alors qu’est-ce qui les rend dignes de notre intérêt permanent, et renouvelé ? Trois penseurs nous en disent plus.
Parce qu’elles s'inscrivent dans le temps long
Hannah Arendt (1906-1975)
Les œuvres d’art, solution à La Crise de la culture ? Dans son ouvrage du même nom, Hannah Arendt explique que l’art offre une « mmortalité potentielle » face aux bouleversements politiques qui ont marqué le XXe siècle, causant une « perte de la permanence et de la solidité du monde ». Or, il s’agit là d’un « caractère durable dont les êtres humains ont besoin précisément parce qu'ils sont les mortels – les êtres les plus fragiles et les plus futiles que l'on connaisse ». Les œuvres d’art sont au contraire « des objets que chaque civilisation laisse derrière elle comme la quintessence et le témoignage durable de l’esprit qui l’anime ». Les phrases d’un roman ne changent pas, et les traits d’un tableau sont conservés afin de ne pas être modifiés par le temps. Selon Arendt, ces œuvres sortent donc du cadre de la société de consommation, où nous sommes habitués à des objets dont la durée de vie « excède à peine le temps nécessaire à les préparer ». Les œuvres d’art se distinguent puisqu’elles « sont les seules choses à n’avoir aucune fonction dans le processus vital de la société [...], elles ne sont pas fabriquées pour les hommes, mais pour le monde ». Alors que les modes, les mœurs ou les prix changent en permanence, ces œuvres ne changent jamais. Conçues pour la perpétuité, elles sont un havre de stabilité. Le lien émotionnel que nous développons avec elles est tout aussi solide : au milieu d’une vie au rythme effréné, nos œuvres fétiches sont comme des piliers, des compagnons de voyage fidèles qui donnent de la permanence à nos existences. D’où notre angoisse lorsque des militants écologistes tentent d’éclabousser l’immuable avec de la soupe de tomates.
Le musée Carnavalet-Histoire de Paris présente, pour les 150 ans de la naissance et les 100 ans de la mort de l’auteur d’À la recherche du temps…
À l’occasion de la publication du Cahier de l’Herne consacré à Hannah Arendt et dirigé par Martine Leibovici et Aurore Mréjen, nous publions avec…
À l’occasion de la publication du Cahier de l’Herne consacré à Hannah Arendt et dirigé par Martine Leibovici et Aurore Mréjen, nous publions avec…
L’art désigne un ensemble de procédés visant un résultat pratique. Mais cette notion doit être vite distinguée de son acception technique au profit de son sens esthétique. L’art de l’ingénieur n’est pas celui de l’artiste qui s’adonne…
Günther Anders le reconnaît, il n’est pas très loyal dans cette Bataille des cerises conçu comme un dialogue fictif avec Hannah Arendt, à laquelle il a été marié de 1929 à 1937. Il se donne le beau rôle, puisque ses Dialogues avec…
À l’occasion de la publication du Cahier de l’Herne consacré à Hannah Arendt et dirigé par Martine Leibovici et Aurore Mréjen, nous publions avec…
En 1757, le philosophe Edmund Burke remet en cause l’expression esthétique de la connaissance promue par les Lumières. Il invente une esthétique préromantique ; place au sublime, qui émane de la face obscure de l’univers, subjugue et…
Analyse des termes du sujet « Peut-on ? » Est-ce possible ou est-ce légitime ? « être insensible » Ne pas s’intéresser à ou ne pas être touché par. « beauté » La beauté formelle, la valeur ou la…