“Quand j’aime un auteur, je veux tout lire de lui. Est-ce normal ?”
Question de Marine Renoux
D’un côté, chère Marine, je trouve noble votre désir d’exhaustivité, comme l’expression d’une belle curiosité, d’une envie de faire le tour d’une œuvre pour mieux l’appréhender, la comprendre, l’apprécier. Je me souviens avoir été comme vous quand j’ai découvert Camus, Nietzsche, Coetzee ou Sagan… Mais, d’un autre côté, je crois qu’il faut se méfier de cette passion de l’exhaustivité. Cette dernière pourrait à la limite se justifier pour les œuvres d’un auteur (et encore, le souci de l’exhaustivité risque de prendre la place du plaisir de tomber simplement sur un texte qui nous parle), mais elle devient dangereuse dès lors qu’il s’agit de toute l’histoire de la littérature, de la philosophie, du cinéma… D’ailleurs, beaucoup renoncent à aller vers la culture parce que, précisément, il y a trop de livres, trop de films… Entrant dans une librairie, ils ressortent les mains vides au motif… « qu’il y en a trop » ! Comme si, de manière plus ou moins inconsciente, se sentant angoissés par cette totalité inaccessible, ils choisissaient de ne rien lire du tout, de ne même pas emprunter le début du chemin tant il leur semble que la fin est lointaine ! La meilleure façon de les « libérer » est de les inviter à renoncer à l’idée de l’exhaustivité. La question n’est pas de tout lire mais de lire quelque chose qui nous parle, nous touche, nous élève. Lorsque nous avons sous les yeux un tel livre, il est souvent préférable de le relire que de passer à une autre œuvre. Nous sommes d’ailleurs souvent déçus en ne retrouvant pas le charme si rare du premier choc esthétique. J’ai connu cela en cherchant, après la lecture du chef-d’œuvre de Coetzee, Disgrâce, à lire tous les autres textes de cet auteur sud-africain. Au temps de Pic de la Mirandole, on pouvait peut-être espérer tout savoir. Mais, comme l’a écrit l’historien de la philosophie Alexandre Koyré, le monde clos s’est mué en univers infini, et nous savons désormais que nous ne saurons pas tout. De même sur le plan de l’existence individuelle : nous n’aurons jamais épuisé tous les possibles de notre vie. Cela n’est angoissant que pour celui qui est habité par ce désir d’exhaustivité. Celui qui y a renoncé s’en trouve libéré et regarde en souriant, à l’heure de s’en aller, tous les possibles encore inexplorés.
Confinements et couvre-feux à répétition, bars, clubs et cafés fermés, lieux culturels désertés, télétravail généralisé, « gestes barrières…
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