Quassim Cassam : “Un scepticisme mal orienté”

Quassim Cassam, propos recueillis par Philippe Huneman publié le 3 min

Philosophe à l’université de Warwick en Grande-Bretagne, Quassim Cassam est l’un des rares philosophes à s’être consacré au conspirationnisme. Il voit à l’œuvre dans ce phénomène une forme de « vice épistémique ». Explications.

Sur le site de réflexion Aeon, Quassim Cassam a écrit en mars 2015 un article – « Bad Thinkers » (« Mauvais penseurs ») – sur les théories conspirationnistes. Peu de philosophes s’étaient penchés sur les théories du complot. Son intérêt pour ce sujet s’inscrit dans son questionnement général : pourquoi est-il possible de connaître certaines choses de la manière dont on les connaît – par exemple, la connaissance de soi-même et des autres. Cassam défend l’idée d’une « épistémologie des vertus », dans laquelle rendre compte de la possibilité humaine de mener des « investigations rationnelles » correctes requiert d’évoquer certaines vertus spécifiquement scientifiques telles que l’ouverture d’esprit, le sens critique, la probité, l’impartialité. La seule rectitude formelle de l’investigation n’explique pas pourquoi, dans le monde réel, certains individus, en particulier dans le domaine des sciences, voient souvent leurs investigations couronnées de succès. Ces vertus sont parallèles aux vertus au sens propre que les théoriciens de l’éthique invoquent dans la tradition aristotélicienne pour expliquer le fait que l’on puisse agir moralement, car la seule définition de ce qui est moralement bien ne résout pas cette question. Les théories de la conspiration sont un objet idéal pour l’épistémologie des vices intellectuels, qui serait le contrepoint d’une théorie des vertus épistémiques. Nous avons interrogé Quassim Cassam sur les raisons de ce projet singulier.

Expresso : les parcours interactifs
Joie d’aimer, joie de vivre
À quoi bon l'amour, quand la bonne santé, la réussite professionnelle, et les plaisirs solitaires suffiraient à nous offrir une vie somme toute pas trop nulle ? Depuis le temps que nous foulons cette Terre, ne devrions nous pas mettre nos tendres inclinations au placard ?
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
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