“Réarmement démographique” : le ventre des femmes n’est pas une arme de guerre

L’expression de « réarmement démographique », employée par Emmanuel Macron, tend à transformer le désir d’enfant en « effort de guerre ». Quels sont les dangers de cette héroïsation de la parentalité ? Quelques pistes de réponse avec Simone de Beauvoir.

« Réarmement ». La formule, employée à toutes les sauces depuis quelque temps, commence à devenir un mantra. Mais le président semble avoir franchi une limite, mardi, lors de sa conférence de presse, en l’associant au mot « démographique ». Nombre de féministes y ont vu une manière de politiser le corps des femmes. Ou plutôt, de mettre ce corps au service d’un objectif national : celui de repeupler le pays, de « fabriquer » des petits Français et des petites Françaises, dans un grand effort national.

Le geste n’est pas sans rappeler l’une des dernières frasques de Poutine qui souhaite, lui aussi, « booster la natalité », et qui est allé jusqu’à créer le statut de « mère héroïque », inventé par Staline, pour récompenser les mères de 10 enfants.

Mères patries…

Encourager les femmes à porter des enfants pour le bien de la patrie, ou pour contribuer à « l’effort de guerre », reconduit insidieusement l’idée de « destin », d’utilité spécifique de la femme, qui serait donc essentiellement procréatrice. Sauf qu’ici, il ne s’agit pas seulement de procréer pour accomplir son destin de mère, mais bien pour aider – à sa manière – la « mère patrie ». Dès lors, procréer n’appartient plus à l’histoire individuelle des familles, mais devient un fait social, loué et encouragé par une certaine partie de la sphère politique : celle qui gouverne actuellement.