Renoncer à tout savoir
Qui n’a jamais rêvé d’être un puits de science ? D’être quelqu’un de complet, c’est-à-dire d’avoir des connaissances de base dans tous les domaines ? C’était le rêve des humanistes de la Renaissance. Cependant, la spécialisation des savoirs et l’arrivée des intelligences artificielles nous invitent à réinventer nos objectifs de formation.
L’apprentissage est une drôle d’affaire.
Nous autres humains naissons dans un monde façonné par les générations qui nous ont précédés. Nous ne sommes pas armés pour y agir avant d’avoir assimilé une énorme quantité de connaissances, tant théoriques que pratiques. Comment fonctionne une poignée de porte ? À quoi sert une fourchette ou un interrupteur ? L’instinct seul ne saurait nous éclairer. Là où ça se corse, c’est que la complexité du monde humain va croissant. Plus tard nous arrivons dans l’Histoire, plus lourde sera la tâche de l’éducation. De nos jours, un cycle d’études complet amène couramment jusqu’à vingt-cinq ans ; certains passent un tiers de leur existence à se préparer à vivre !
Au XVIe siècle, Michel de Montaigne possédait une bibliothèque exceptionnelle de 1 000 ouvrages, et c’était un érudit. À partir de 1747, Denis Diderot a été avec Jean Le Rond d’Alembert l’architecte de l’Encyclopédie – une superproduction éditoriale. Il jouait le rôle d’un rédacteur en chef, commandait et corrigeait les articles, et s’entoura d’environ 150 contributeurs. C’était une équipe suffisante pour compiler l’essentiel des connaissances et savoir-faire des Lumières, en 72 000 entrées. À titre de comparaison, la bibliothèque personnelle de l’écrivain argentin Alberto Manguel, lettré de notre temps, compte 40 000 ouvrages, et il y a, à l’heure où j’écris, 100 000 contributeurs à Wikipédia participant à l’élaboration de 60 millions d’articles. Ces ordres de grandeur montrent que l’apprentissage au XXIe siècle est devenu une tâche illimitée !
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