Trois nuances de désobéissance civile
La désobéissance civile a le vent en poupe, à l’heure où chacun réclame plus de démocratie. Mais qu’entend-on vraiment par cette idée ? Voici les réponses des philosophes américains qui y ont le plus réfléchi : Thoreau, Arendt et Rawls.
Inventeur de l’expression « désobéissance civile » (« civil disobedience »), Henry David Thoreau justifie sa pratique à partir de son expérience personnelle. Ayant refusé de payer sa part d’impôt parce qu’il ne voulait pas contribuer à la guerre contre le Mexique en vue de l’annexion du Texas, il fut incarcéré en juillet 1846. Thoreau ne passa toutefois qu’une nuit en prison, sa tante ayant payé la caution pour le faire libérer. Mais cette aide lui déplut car, comme il l’écrira dans Résistance au gouvernement civil (rebaptisé La Désobéissance civile en 1866, lors de sa réédition posthume) : « Sous un gouvernement qui emprisonne quiconque injustement, la véritable place d’un homme juste est aussi en prison ». Pour Thoreau, dénoncer une injustice par la parole, la signature de pétitions ou le vote reste insuffisant : il faut s’impliquer soi-même par des actes qui prouvent qu’on ne se compromet pas avec une politique qu’on réprouve. Ces actes doivent être non-violents mais suffisamment forts pour être opérants. Partisan de l’abolition de l’esclavage, défenseur des minorités, Thoreau les encourageait à agir pour exister : « Une minorité n’a aucun pouvoir tant qu’elle s’accorde à la volonté de la majorité : dans ce cas, elle n’est même pas une minorité. Mais, lorsqu’elle s’oppose de toutes ses forces, on ne peut plus l’arrêter. » Toutefois cette première théorie de la désobéissance civile semble d’emblée fragilisée par les paradoxes sur lesquels elle repose : illégale, elle se veut légitime ; non-violente, elle prétend être efficace ; attitude morale, elle espère peser politiquement… De fait, la doctrine de Thoreau fut sans effet immédiat sur la politique américaine.
Formulé au XIXe siècle par le philosophe Henry David Thoreau, le principe de la désobéissance civile n’a cessé d’inspirer les luttes pour les…
Si, étymologiquement, la justice et le droit sont très proches (jus, juris, qui donne l’adjectif « juridique »), la justice est aussi une catégorie morale et même, chez les anciens, une vertu. Nous pouvons tous être révoltés…
Henry David Thoreau s’extrait volontairement de la civilisation et s’installe en pleine forêt américaine, à Walden. De cette expérience est née sa réflexion sur la notion de désobéissance civile. Question qui n’a rien perdu de sa…
À l’occasion de la publication du Cahier de l’Herne consacré à Hannah Arendt et dirigé par Martine Leibovici et Aurore Mréjen, nous publions avec…
Henry David Thoreau (1817-1862) a fondé le Transcendantal club, centré sur l’expérience spirituelle de la nature, où il promeut une expérience du monde qui passe d’abord par les sens. Extrait.
Le 22 septembre, la Cour de cassation a estimé que le fait de décrocher un portrait du président de la République pour dénoncer l’(in)action de la…
À l’occasion de la publication du Cahier de l’Herne consacré à Hannah Arendt et dirigé par Martine Leibovici et Aurore Mréjen, nous publions avec…
Le politiste américain s’appuie sur Hannah Arendt pour distinguer mouvements de désobéissance civile qui, à l’instar de Black Lives Matter, réclament davantage de justice sociale, et foules – militants pro-Trump ou pillards –…