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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Olivier Marbœuf pour PM

Lexique

Un cosmos bien ordonné

Jean-François Pradeau publié le 28 septembre 2006 11 min

Selon Platon, le cosmos est comme un être vivant, il a un corps et une âme qui garantit son harmonie. Et l’homme est un microcosme dont l’âme, immortelle, doit s’élever vers la connaissance.

Les Dialogues de Platon, œuvres en prose d’une qualité littéraire exceptionnelle, n’ont guère d’équivalent dans la littérature grecque ancienne. Ces pièces de théâtre mettent en scène des entretiens où la profondeur des arguments le dispute à la drôlerie des propos ou des situations. On y rencontre avant tout Socrate, confronté à des adolescents avides de savoir, mais aussi des légendes de la pensée grecque, comme Parménide et Zénon, ou encore ces grands intellectuels et ces grands maîtres de la rhétorique qu’étaient les sophistes. C’est toute la société savante de l’Athènes des Ve et IVe siècles qui vient ainsi sur la scène des Dialogues, pour participer au vaste drame à la faveur duquel Platon fait naître la philosophie.

Si Platon affirme l’existence d’une réalité véritable, qu’il désigne du nom d’intelligible et qu’il distingue du sensible, ce n’est pas pour faire de la philosophie une fuite vers un ailleurs improbable, mais pour expliquer que notre monde, qui est une image de l’intelligible, possède assez de régularité et de permanence pour permettre à l’homme de penser, de parler et d’agir en conformité avec la réalité, et non pas au hasard. Il s’agit donc de connaître, et de connaître pour bien vivre. Les Dialogues contiennent d’innombrables pages qui rappellent que seule l’acquisition du savoir peut rendre possible le bon gouvernement de l’individu et de la cité. Plus qu’une affaire académique confinée à des salles de cours, la philosophie qu’il inventait dans ses Dialogues découlait d’une exigence toujours actuelle et féconde, attachée à toutes les expériences de la vie.

 

L’intelligible

Platon est connu, dans l’histoire de la philosophie, comme le défenseur de la thèse selon laquelle il existe des réalités intelligibles à la fois distinctes des choses sensibles et en rapport avec elles. La réalité véritable n’est pas celle « sensible » que perçoivent les sens, elle ne consiste pas dans ces corps changeants que nous percevons nous-mêmes au moyen de notre corps. Immuable, accessible seulement à l’intellect, il la nomme « intelligible ». Cette thèse difficile, que les dialogues évoquent plus qu’ils ne l’exposent, n’est pas une lubie de philosophe : la connaissance serait inconcevable si ce que nous pensons et ce que nous disons ne pouvait être identifié qu’avec ces choses toujours changeantes que perçoivent nos sens. Pour qu’une connaissance soit possible, il faut qu’un objet de connaissance existe qui soit identique à sa définition et qui demeure tel qu’en lui-même, tel qu’il est. Tel est le statut de l’intelligible. Comment concevoir maintenant le rapport entre ces deux niveaux de réalité distincts, le sensible et l’intelligible ? Les choses sensibles reçoivent bien quelque chose des réalités intelligibles, elles y ont part, elles y « participent ». Les sensibles reçoivent une stabilité ou un ensemble de qualités, qui permet qu’on les connaisse, en les apparentant, qu’on les nomme et qu’on les classe. Comme le dit Socrate, une belle jeune fille possède bien la qualité « beau », mais elle ne sera pas toujours belle et, surtout, elle n’est pas le beau lui-même, car ce dernier relève de l’intelligible. La thèse de la participation, parce qu’elle permet d’expliquer comment, dans des choses sensibles changeantes, il existe une forme de stabilité et de réalité, rend également possible une science de la nature, une « physique ».

 

L’amour

Lorsque l’on parle d’amour à propos de Platon, on pense souvent à cet amour parfaitement dénué de sexualité que désigne l’étrange expression d’amour « platonique ». Cette expression convenue a pour origine Le Banquet où Diotime prononce un discours qui n’accorde aucune importance à l’amour des corps, mais également le Phèdre, dans lequel Socrate explique que l’amour véritable doit être distingué de l’amour charnel à la faveur duquel les corps s’accouplent. Il n’en demeure pas moins, comme en témoigne la législation des Lois, que les amours, celles des corps, font de toute nécessité partie de l’existence humaine. Elles sont l’occasion de folies parfois malheureuses, de débauches bestiales ou effroyables, mais elles sont là. Il y a selon Platon, pour dangereuse qu’elle soit, une force incontestable de l’amour, c’est-à-dire de l’attachement qu’un individu porte à ce qu’il aime avec la conviction que sa propre existence va s’en trouver modifiée, élevée. Il peut s’agir du maître qu’aime le disciple, de l’aimé qu’aime le garçon ou bien même encore d’une « idée », le bien ou la justice, que poursuit par exemple le philosophe, lui dont c’est le propre que d’aimer le savoir. Dans chacune de ces circonstances, Platon décrit l’âme comme un désir, comme une puissance d’aimer qui poursuit son objet et dont tous les mouvements ont toujours pour moteur le désir d’atteindre l’objet aimé, et par suite d’engendrer, dont Le Banquet enseigne qu’il est chez les hommes le désir de se perpétuer et d’atteindre une forme d’éternité.

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On dit parfois que la personne aimée est « notre moitié », celui ou celle qui nous complète. L'expression pourrait trouver son origine dans le mythe des androgynes, raconté dans le Banquet de Platon ! Découvrez ce récit fascinant.
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