Un étrange revirement

Michel Eltchaninoff publié le 2 min

 

Vingt ans après Race et Histoire, en 1971, Claude Lévi-Strauss revient à l’Unesco. Comme alors, son sujet est le racisme. En ce lieu dont la vocation est de rapprocher les peuples, on attend de lui un remake de Race et Histoire. Lévi-Strauss, avec Race et Culture (publié dans Le Regard éloigné, Plon, rééd. 2014), semble d’abord réaliser ce programme. Avec des outils nouveaux, notamment la génétique des populations, il réitère ses arguments : l’existence de races est indémontrable ; la diversité des cultures humaines est un fait, mais on ne peut en dresser aucun tableau hiérarchique… Cependant, un sentiment de malaise apparaît. Dans Race et Histoire, l’anthropologue faisait l’apologie de la collaboration entre les cultures. Il dissipait l’illusion suivant laquelle un groupe humain peut se développer isolément des autres : « Les sociétés humaines ne sont jamais seules », affirmait-il, récusant toute idée de culture pure à protéger contre d’éventuelles contaminations extérieures. La coalition des cultures (« migrations, emprunts, échanges commerciaux, guerres », précisait-il) est le plus puissant facteur de développement qui soit. Au contraire, « l’exclusive fatalité, l’unique tare qui puissent affliger un groupe humain et l’empêcher de réaliser pleinement sa nature, c’est d’être seul ». Les antiracistes n’ont pas manqué de s’appuyer sur ces passages pour vanter les bienfaits du métissage.

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