Une vie de fièvres

Martin Duru publié le 2 min

Assassinat de son père, camp de travail en Sibérie, exécution annulée in extremis, vertiges du jeu, la vie de Dostoïevski est une suite de rebondissements romanesques.

Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski est né le 30 octobre 1821 à Moscou. Élevé par une mère pieuse et un père ombrageux, médecin, il développe très tôt une passion dévorante pour la littérature. Il suit ses études à l’École supérieure du génie militaire à Saint-Pétersbourg, tandis qu’en 1839, son père est assassiné, probablement par les serfs de sa propriété située au sud de Moscou. Jeune homme romantique et torturé, Dostoïevski publie en 1846 son premier roman, Les Pauvres Gens, succès à la clé. Il commence à fréquenter des cercles progressistes, influencés notamment par le socialisme utopique de Fourier. Las, le régime tsariste l’a à l’œil et il est arrêté en 1849, puis condamné à mort. Le jour de son exécution, il apprend que sa peine a été commuée en travaux forcés… Direction la Sibérie : de 1850 à 1854, Dostoïevski est bagnard à Omsk – expérience relatée dans ses Souvenirs de la maison des morts. Redevenu par la suite simple soldat puis officier, il se marie en 1857 avec Maria Dmitrievna Issaïeva et parvient à se faire réformer. Il peut alors s’adonner fiévreusement à l’écriture… mais aussi au démon du jeu – il succombe aux vertiges de la roulette lors d’un séjour en Allemagne en 1862. Criblé de dettes, en proie à de violentes crises d’épilepsie, l’écrivain entame la rédaction de Crime et Châtiment et du Joueur. Sa première femme décédée en 1864, il se remarie avec Anna Grigorievna Snitkina, sa sténographe dévouée. L’Idiot, Les Démons : les romans-fleuves se succèdent pour Dostoïevski qui, après avoir une nouvelle fois tout perdu à la roulette, décide d’arrêter le jeu pour de bon. Souvent en cure pour traiter ses problèmes nerveux et gastriques, il est bouleversé par la mort de son fils Aliocha, emporté par une crise d’épilepsie en 1878. La même année, il commence à travailler sur Les Frères Karamazov, dont la publication s’achève deux ans plus tard. Au faîte de sa gloire, Dostoïevski meurt le 28 janvier 1881, à 59 ans. Spontanément, plus de 30 000 personnes se réunissent et suivent l’enterrement de ce monstre sacré de la littérature mondiale.

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