“Vortex”. Vertiges de la mort
Véritable memento mori, le dernier film de Gaspar Noé explore nos fragilités et creuse un abîme sur la question sans cesse renouvelée du sens de la vie.
« À tous ceux dont le cerveau se décomposera avant le cœur », prévient un carton, avant que le film ne débute. Réputé pour ses réalisations subversives dans la représentation de la violence ou de la sexualité, Gaspar Noé adopte ici une forme plus sage bien que tout aussi bouleversante. Resserrant l’action autour d’un vieux couple et de leur fils, il offre une contemplation perplexe de la corruption de toute vie. « La vie est une courte fête qui sera vite oubliée », note le cinéaste en guise de memento mori, lui qui a réchappé à une récente hémorragie cérébrale. Il réunit une distribution prestigieuse autour d’un scénario très simple : Dario Argento joue le rôle du père, critique de cinéma, auteur d’un essai sur le septième art et le rêve, malade du cœur ; Françoise Lebrun interprète celui de la mère, ancienne psychiatre atteinte de la maladie d’Alzheimer ; Alex Lutz est leur fils, qui peine à se départir d’une addiction à la drogue. L’écran est coupé en deux, et deux histoires se déroulent donc simultanément dans cet appartement parisien défraîchi où tout s’altère, y compris la communication : des sphères souvent divergentes, parfois coïncidentes. Sans effets spectaculaires, concentrant toute la tension sur le jeu des acteurs, Gaspar Noé ne réalise pas un film sur la maladie ; il crée un abîme pirandellien sur le sens de la vie, qui pourrait n’être qu’un « rêve dans un rêve ». Il illustre ce paradoxe qui veut que la mort soit au cœur de toute vie. S’intéressant au détail, au geste minuscule, à ces souvenirs et à ces objets anodins qui font pourtant la trame de nos existences, il nous plonge dans un vortex, dont les images pensives nous absorbent, nous émerveillent et nous terrifient. Car, enfin, qu’est-ce que l’homme, sous l’œil du cinéaste ? Pour le dire comme Pascal dans ses Pensées, « un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant, un milieu entre rien et tout, infiniment éloigné de comprendre les extrêmes. La fin des choses et leurs principes sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable, également incapable de voir le néant d’où il est tiré et l’infini où il est englouti. » De cette misère mystérieuse, Gaspar Noé fait tout un cinéma.
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