Y a-t-il une sagesse du corps ?
Analyse des termes du sujet
« Y a-t-il ? »
Est-ce constatable ? Peut-on affirmer une existence sans s’illusionner ?
« une sagesse »
Une connaissance vraie qui permet une juste appréciation des choses.
« du corps »
Masse charnelle donnée à chacun par la nature. Unité organique par laquelle nous sentons et agissons dans le monde.
Défrichage
Premières intuitions
Difficile d’admettre que le corps puisse être sage. On peine à le contrôler : il s’emporte, tombe malade, vieillit. Surtout, l’expérience de l’addiction (au sucre, à l’alcool, au sexe) suggère qu’il verse volontiers dans l’excès et n’écoute guère la raison qui lui dit de résister aux tentations.
Cependant, le corps a aussi sa logique qui nous est bien utile : il cicatrise quand il est blessé, il sue dans l’effort pour éviter les surchauffes. L’activité réflexe dont il est capable laisse penser qu’il réagit plus vite et plus efficacement que la pensée lorsqu’il affronte un danger imminent.
Peut-on pour autant dire que cette autonomie relève de la sagesse ? Le mot paraît un peu trop noble pour convenir au corps. À moins que le danseur ou le musicien virtuose n’avancent d’autres arguments…
Exemples qui viennent à l’esprit
Dans le Livre de Job, dans la Bible, Satan accable Job, homme sage et pieux, pour qu’il maudisse son Dieu. Après lui avoir ôté tous ses biens et tué ses dix enfants, il le couvre de pustules. Job, jusque-là irréprochable, prend un tesson et se gratte en silence. La douleur ressentie dans sa chair pourrait-elle lui faire perdre sa sagesse ? Les malheurs de Job invitent à réfléchir au corps comme obstacle à une conduite droite.
L’art chorégraphique fait du corps un langage. Dans L’Âme et la Danse (1921), Paul Valéry parodie le style de Platon et remet en question les convictions de Socrate. Devant le spectacle merveilleux de la danseuse Athikté, le philosophe n’ose plus penser que le corps est le tombeau de l’âme. Le pas gracieux de la danseuse révèle que le corps possède lui aussi le sens de la mesure : il peut s’affranchir de la pesanteur et disputer à l’âme du sage sa proximité avec les dieux.
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