Patagonie route 203
Une recension de Philippe Garnier, publié lePeut-on se perdre dans un monde saturé de trajets balisés ? Dans ce roman, la longue route qui traverse la Patagonie devient le lieu de toutes les errances.
« Vous continuez tout droit, le jeudi vous tournez à gauche et à la tombée de la nuit tournez encore à gauche, tôt ou tard vous allez arriver à la mer » : tel est le conseil que donne à Parker un ouvrier qui travaille sur le bord de la route 203. D’un côté, la cordillère argentine avec ses vallées d’arbres fruitiers ; de l’autre, l’océan Atlantique où le bateau attend sa cargaison de fruits de contrebande. Entre les deux, l’interminable plaine de Patagonie qui tient lieu à Parker d’horizon, d’enfer et d’idéal, et qu’il parcourt depuis des années à bord de son camion. « Le paysage était un tourbillon parcimonieux qui avalait tout et vidait la conscience de ceux qui le traversaient », écrit Eduardo Fernando Varela. Les routiers qui s’y aventurent perdent peu à peu le sens du temps et la perception de l’espace, ou plutôt circulent, à leurs risques et périls, dans l’élasticité d’un espace-temps où leur vie psychique se trouve comme suspendue.
Sur une planète saturée de trajets qui vont d’un point à un autre– qu’il s’agisse d’avions, de camions ou de données numériques –, est-il encore possible de s’égarer ? Patagonie route 203 nous en propose le mode d’emploi. Au cours de cette traversée qui n’en finit jamais, les épisodes naissent comme des hallucinations burlesques aussitôt avalées par le néant. On croise un journaliste parti à la recherche d’un sous-marin allemand de la Seconde Guerre mondiale. On évoque les mauvaises rencontres, comme celle des « Trinitaires », descendants d’anthropophages autochtones et possédés par les âmes des marins conquistadors. D’une avarie de moteur découle une étape forcée dans un village perdu, puis c’est une fête foraine improbable et, enfin, une femme, d’une surprenante beauté, qui tient le stand du jeu de massacre. Cette femme, Maytena, exerce sur Parker l’attraction d’un mirage. Elle « déplace l’axe de son orbite, altère la précision de ses instruments de navigation, dévie sa trajectoire ». Est-ce la fin du voyage ? Non car cette traversée n’a, en réalité, ni point de départ ni destination finale. Comme dans ces grands livres que sont Sur la route, de Jack Kerouac, ou Un épisode dans la vie du peintre voyageur, de Cesar Aira, elle se dilate dans un interminable « espace du milieu ». Elle nous rend la planète un peu plus étrange, plus hostile, mais, en définitive, plus habitable.
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