9 stratégies contre la crainte

Cédric Enjalbert publié le 6 min

De l’indifférence à la confrontation en passant par le pari de la vie éternelle, voici les meilleurs remèdes que nous prescrivent les philosophes.

Épictète (50-125/130)

Doctrine. Stoïcien, Épictète – dit le boiteux, après que son maître lui a cassé la jambe, sans même qu’il s’émeuve – élabore dans ses Entretiens et son Manuel, une sagesse du renoncement fondée sur une théorie des justes représentations et la maîtrise des passions.

Diagnostic. Les peurs et les peines qui en découlent reposent sur un désir déraisonnable, né d’une confusion entre les faux biens qui passent pour vrais, et ceux qui, étant vrais, passent pour faux.

Remède. « Sera indépendant, calme, heureux, au-dessus de toute atteinte, élevé d’esprit » qui ne place son bien que dans les choses dont « il est le maître ». L’exercice du jugement, qui distingue ce qui dépend de nos actions de ce qui n’en dépend pas, ce qui est désirable de ce qui ne l’est pas, permet ainsi une forme de détachement et de sage indifférence : l’ataraxie.

 

Épicure (-341/-270)

Doctrine. Pour Épicure, le bien premier visé par la sagesse est le bonheur. Une vie bonne consiste en la modération des peines et la maximisation des plaisirs.

Diagnostic. Il existe quatre craintes fondamentales : les dieux, la mort, le malheur et la douleur.

Remède. Le tetrapharmakon. Ni les dieux, qui sont hors du monde et sans effets sur celui-ci (les vraies causes des phénomènes sont dans la nature), ni la mort, qui n’est que privation de sensibilité (« hors de la vie il n’y a rien de redoutable »), ne sont à craindre. Le bonheur est à notre portée à condition de maîtriser une science hiérarchisant les désirs naturels et nécessaires, les désirs seulement naturels et enfin les désirs ni naturels ni nécessaires. La douleur est supportable grâce à l’imagination qui permet la ressouvenance des plaisirs passés. D’ailleurs, on dit qu’Épicure est mort dans un bain chaud, buvant du vin, remémorant ses doctrines, en compagnie de ses amis.

Expresso : les parcours interactifs
Joie d’aimer, joie de vivre
À quoi bon l'amour, quand la bonne santé, la réussite professionnelle, et les plaisirs solitaires suffiraient à nous offrir une vie somme toute pas trop nulle ? Depuis le temps que nous foulons cette Terre, ne devrions nous pas mettre nos tendres inclinations au placard ?
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
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