Cynthia Fleury : “Le milieu régénère les fonctions vitales de l’humain”
Du silence à l’horizon, la Charte du Verstohlen entend préserver et « soigner » une série de lieux vulnérables et de biens communs. Cynthia Fleury, qui l’a corédigée avec le designer Antoine Fenoglio, nous dit « ce qui ne peut être volé ».
Qu’est-ce que le « Verstohlen » ?
Cynthia Fleury : Le Verstohlen définit une manière d’habiter le monde. Il signifie « furtivement » en allemand. La notion de furtivité nous a paru intéressante, parce qu’elle était au carrefour de deux grandes problématiques : la sobriété et la liberté. Est furtif ce qui ne produit pas d’externalités négatives, pour reprendre une notion classique dans le domaine de la justice et de l’éthique environnementales. Les techniques furtives sont donc des modes de production et de consommation qui pèsent peu sur les ressources naturelles et qui préservent notre habitat. La furtivité est aussi une notion présente chez l’écrivain Alain Damasio : selon lui, les « furtifs » sont ceux qui échappent au contrôle et qui investissent avec agilité des angles morts. En adoptant la forme de la charte et en faisant écho aux grands manifestes du XXe siècle qui ont encadré nos façons de vivre et d’habiter, comme celui du Bauhaus en 1919, nous voulions donner un élan à la reconfiguration de nos usages et de nos imaginaires.
À qui la charte est-elle destinée ?
L’objet de la charte n’est pas de privilégier un acteur ou une temporalité. Au contraire, il s’agit d’avoir un organe commun, dont chacun puisse se saisir. Que celui qui veut agir via une transformation individuelle puisse y trouver une ressource autant que celui qui veut agir au niveau des politiques publiques. Il s’agit d’avoir une base pour répertorier les actions qui rendent le monde plus « habitable » et d’enregistrer des retours d’expérience.
“On ne peut devenir qu’en demeurant”
Qu’est-ce qu’un lieu habitable ?
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