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Emmanuel Macron. © Aurélien Morissard/IP3/Maxppp

Le regard du classique

Législatives : une campagne anesthésiée par Macron ?

Nicolas Gastineau publié le 01 juin 2022 3 min

Dans moins de deux semaines, la France élit les 577 députés qui seront amenés à voter les lois de la République pour les cinq années à venir. Et pourtant, du côté de la majorité présidentielle, l’ambiance n’est pas aux annonces en fanfare sur de grands projets, qu’il s’agisse de l’hôpital ou de l’école – pourtant déclarés causes nationales –, mais plutôt à la discrétion du chef et à la modestie des candidats LREM, qui mènent leur campagne sans clameur ni ambition. Dans Condition de l’homme moderne (1958), Hannah Arendt diagnostiquait une redoutable tentation pour les gouvernants : celle qui consiste à substituer la logique prévisible et solitaire du faire à l’expérience imprévisible et collective de l’agir.

N’est-ce pas précisément le ressort de cette campagne législative, anesthésiée par la figure gestionnaire de « président des crises » qu’Emmanuel Macron cherche à imposer dans les esprits ?

 

  • Dans Condition de l’homme moderne, Hannah Arendt distingue l’oeuvre – le domaine du faire, de l’artisanat et la technique – de l’action – le domaine de l’agir, soit l’initiative d’un ou de plusieurs acteurs qui commencent quelque chose de neuf dans le monde en s’exposant au regard, à la critique et à l’adversité des autres. Le problème de l’agir, qui est le mode de la politique par excellence, est son incertitude : prise « dans le réseau des relations humaines » avec « ses innombrables conflits de volontés et d’intentions », elle est menacée de ne jamais atteindre son but. Pour cette raison, la tentation du gouvernant est de substituer l’instabilité de l’agir à la durabilité du faire : « Supprimer l’action à cause de son incertitude et préserver de la fragilité les affaires humaines en les traitant comme si elles étaient ou pouvaient devenir les produits planifiés d’une technique. »
  • N’est-ce pas ce ce qui se joue dans l’attitude d’Emmanuel Macron vis-à-vis des élections législatives ? À moins de deux semaines de l’échéance, on pourrait s’attendre à voir la majorité faire campagne, dans le sens originel et militaire de cette expression, rassemblée autour d’un gouvernant proactif et bagarreur. Pourtant, on n’observe presque plus aucun déplacement public du chef de l’État depuis sa réélection, et nous assistons à une campagne quasi-muette, qui n’essaie pas d’enflammer les citoyens autour de grands enjeux mobilisateurs mais choisit plutôt de diffuser la promesse implicite de la continuation du même… On pourrait objecter que les élections législatives ne devraient pas impliquer le chef de l’État ; toutefois, cette neutralisation de l’agir par le faire était déjà à l’œuvre pendant la campagne présidentielle. Après tout, Emmanuel Macron ne s’était désigné candidat que très tard, n’a pas débattu au premier tour et a défendu un bilan plutôt qu’un programme. Bref, tout porte à croire que ces deux élections ne doivent, dans la stratégie présidentielle, pas être perçues comme des moments d’action, au sens de l’irruption d’un agir neuf et risqué qui se confronte à la décision collective, mais plutôt comme un faire, la production d’un plan ou la gestion consensuelle d’une crise par un pouvoir gestionnaire.
  • C’est là où la distinction d’Arendt sonne comme un avertissement au changement opéré par le président entre 2017 et 2022. Le candidat Macron de 2017 était dans l’agir – un commencement qui était un risque soumis à la discussion publique. Le président Macron de 2022 semble être tenté par le faire, la fuite de « la fragilité des affaires humaines pour se réfugier dans la solidité du calme et de l’ordre ». C’est le reproche qu’Arendt adresse aussi bien au philosophe-roi de Platon qu’à la technocratie moderne : celui qui gouverne peut bien essayer d’échapper à l’incertitude, se rêvant à demeurer « maître de ses faits et gestes du début à la fin »… mais pour qu’elle soit démocratique, la politique doit rester le lieu de l’agir collectif et pas seulement du faire de l’artisan solitaire.
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