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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Lexique

Les aventures de la conscience

Michel Eltchaninoff publié le 28 juin 2012 8 min

Modifier son regard sur la réalité et décrire comment elle apparaît à la conscience : telle est l’ambition de Husserl. En revenant à l’expérience vécue, il bouleverse les conceptions traditionnelles du temps, du corps et d’autrui, et montre comment les idées s’enracinent dans la vie concrète.

Réduction

En philosophie comme en gastronomie, parcourir une recette ne donne pas le goût du plat. Il faut, au moins une fois dans sa vie, mettre la main à la pâte. Par où commencer ? Par la réduction. En cuisine, cela consiste à faire diminuer le volume de la préparation. En phénoménologie, la recette est légèrement plus sophistiquée. Husserl fonde sa philosophie sur cet acte méthodique : la réduction consiste à rompre avec « l’attitude naturelle », c’est-à-dire le commerce habituel, utilitaire et irréfléchi, avec les choses qui nous entourent. Pour libérer le champ de la pensée, il faut « mettre entre parenthèses », « suspendre » notre croyance dans l’existence du monde extérieur. Car celui-ci, dès lors, réapparaît dans une lumière nouvelle : soudain, il devient un phénomène qui se donne à ma conscience. La réduction ne fait pas disparaître le monde, elle le reconduit à la conscience.

Que les choses extérieures existent ou non, je possède toujours des réflexions, des perceptions, des souvenirs, des émotions, des désirs, que je peux étudier dans leur essence. Je peux aussi décrire ce qui se présente à moi. Peu importe si, à la sortie d’un col, la vallée inconnue qui s’offre à moi est réelle ou non. Ma conscience vise ce paysage, examine ses formes, ses couleurs et son harmonie. Je retrouve l’objet, non posé comme existant, mais en tant que je lui donne sens.

Avec la réduction phénoménologique, contrairement à la réduction culinaire, je ne perds donc rien, ni la conscience ni le monde. La relation avec ce qui avait été mis entre parenthèses n’est jamais vraiment suspendue. Je purifie juste le rapport en m’arrachant au train habituel de la vie quotidienne. Tel est le pari de la phénoménologie : que chacun d’entre nous se demande comment il rencontre le monde.

 

Conscience

Husserl renouvelle profondément notre conception de la conscience. D’après lui, l’introspection traditionnelle, l’examen de nos tourments intimes et de nos doutes nous enfonce dans un psychologisme stérile et peu rigoureux. Mais il repousse également l’approche scientifique, qui rabat la vie de la conscience sur l’explication des mécanismes du cerveau. Pour Husserl, la conscience n’est pas une chose, psychologique, physique ou encore métaphysique (rappelons que Descartes en faisait une substance ou une chose pensante). Surtout, elle n’est pas une réalité coupée du monde. La conscience est un acte de sortie de soi qui appréhende directement les objets qu’elle vise. Reprenant un terme issu de la pensée médiévale, Husserl définit la conscience par la notion d’intentionnalité : toute conscience est conscience de quelque chose ; le sujet est toujours lié, corrélé à l’objet qu’il perçoit, imagine, etc. Ainsi, la conscience n’existe que dans et par l’acte de se projeter vers le monde. Comme l’explique Sartre (dans son article « Une idée fondamentale de Husserl : l’intentionnalité », reproduit dans le premier volume des Situations), « la conscience n’a pas de “dedans” ; elle n’est rien que le dehors d’elle-même et c’est cette fuite absolue, ce refus d’être substance qui la constituent comme conscience ». La conscience intentionnelle s’applique d’ailleurs à tous les aspects de la vie : une femme ne devient pas belle du seul fait que je l’aime, ce qui soumettrait le monde extérieur à l’impérialisme de ma conscience subjective et interdirait toute description de l’essence des objets visés. Ce serait alors le règne du relativisme. Non, si j’aime une femme, c’est qu’elle est aimable.

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