Les contes d’Andersson
Dans “Pour l'Éternité”, primé à la Mostra de Venise, le réalisateur suédois Roy Andersson déploie toute sa palette pour peindre le tableau désenchanté de l'absurdité de la condition humaine. Un objet filmique non identifié au comique ravageur.
Roy Andersson pratique le cinéma comme d’autres la peinture. Ses scènes sont des tableaux, ses films des fresques. Le dernier en date, lauréat d’un Lion d’argent à la Mostra de Venise pour sa mise en scène, ne dure qu’une heure et quart. Cette petite forme se présente comme un kaléidoscope exposant les différentes facettes du meilleur des mondes possibles, pour reprendre la formule de Leibniz dans ses Essais de Théodicée. Meilleur alors signifie non pas parfait, mais un monde où le mélange de bien et de mal est le moins pire. Le cinéaste suédois brosse donc un tableau désenchanté, où hommes et femmes composent avec les menus problèmes de l’existence comme avec les grandes tragédies. Une narratrice omnisciente dit ainsi avoir vu une femme casser le talon de sa chaussure, un père et une fille marcher sous la pluie pour se rendre à une fête d’anniversaire, des parents perdre leur enfant, des prisonniers de guerre marcher sous la neige en Sibérie et la ville de Cologne avoir été belle avant d’être détruite.
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