L’aventure d’un classique

Marie-Frédérique Pellegrin : sommes-nous encore cartésiens ?

Marie-Frédérique Pellegrin, propos recueillis par Victorine de Oliveira publié le 5 min

Quel est l’héritage aujourd’hui du Discours de la méthode ? Réponses avec la spécialiste des Descartes, Marie-Frédérique Pellegrin.

 

« Nous sommes imprégnés de cartésianisme sans même en être conscients, et le Discours de la méthode est un ouvrage que nous connaissons tous, quand bien même nous ne l’avons pas lu. Depuis le XIXe siècle, Descartes est un emblème national, un incontournable de tous les programmes scolaires. En tant que Françaises et Français, l’esprit cartésien est même censé être notre signe distinctif.

Si le Discours s’est si bien diffusé, c’est d’abord parce qu’il est écrit en français. René Descartes n’est certes pas tout à fait le premier auteur à publier directement dans sa langue vernaculaire sans passer par la première étape du latin, mais il est le premier à autant le théoriser. À son époque, s’exprimer en latin revient à ne s’adresser qu’aux plus érudits, voire quasi exclusivement au clergé. Mais Descartes a voulu que son texte soit le plus accessible possible. Dans une lettre au père Vatier, il écrit souhaiter que même les femmes puissent comprendre quelque chose ! On qualifierait aujourd’hui la démarche de Descartes d’inclusive. Parce qu’il s’adresse à toutes et à tous, le Discours est un programme d’acquisition et de transmission du savoir qui n’a pas d’équivalent.

L’aspect programmatique pourrait faire croire à de vagues annonces qui n’entrent pas dans le détail – il est vrai que Descartes touche à tout dans son Discours. Mais on oublie souvent que ce dernier est suivi par des essais, des applications très techniques de la méthode qui concernent l’étude de la lumière, de l’optique et des météores. Après avoir discouru, Descartes montre que sa méthode fonctionne et qu’une science moderne est en train de s’élaborer grâce à elle.

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À quoi bon l'amour, quand la bonne santé, la réussite professionnelle, et les plaisirs solitaires suffiraient à nous offrir une vie somme toute pas trop nulle ? Depuis le temps que nous foulons cette Terre, ne devrions nous pas mettre nos tendres inclinations au placard ?
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