Meurtre de Samuel Paty : la responsabilité morale des mineurs, par Boris Cyrulnik

L’enquête sur l’assassinat de Samuel Paty progresse. Mardi 20 octobre, seize personnes ont été placées en garde à vue, dont quatre collégiens. L’une des spécificités de cet attentat terroriste, c’est l’implication – avérée ou supposée – de mineurs dans le meurtre barbare d’un enseignant. L’affaire serait en effet partie du mensonge proféré par une élève de 13 ans auprès de son père, qui a ensuite diffusé plusieurs vidéos appelant notamment à l’exclusion du professeur d’histoire-géographie. Par ailleurs, le terroriste aurait donné de l’argent à un ou plusieurs élèves de Samuel Paty en échange d’informations. L’auteur des faits est lui-même un jeune homme de 18 ans, autant dire un adolescent. 

Cet attentat pose donc, avec une acuité inédite, la question de la responsabilité morale des mineurs face à des actes répréhensibles, à la gravité plus ou moins intense : mensonge, corruption, assassinat. Aux yeux de la loi, leur responsabilité est graduellement reconnue en fonction de tranches d’âge (avant 10 ans, puis de 10 à 13 ans et de 13 à 16 ans, « l’excuse de minorité » pouvant être levée à partir de 16 ans et donc un adolescent puni comme un adulte à partir de cet âge). 

Le neurologue et psychanalyste Boris Cyrulnik explique pourquoi la distinction entre mineurs et majeurs doit rester structurante dans l’approche des questions morales. La vertu cardinale de l’affinement du sens moral chez les enfants est, selon lui, « l’empathie », une qualité qui se développe de façon très différente chez chaque enfant.