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Molly, le rat et moi

Sven Ortoli publié le 07 septembre 2023 3 min

« Avec la canicule, Molly (le chien) et moi (l’humain), nous nous promenons vers 22h ou 23h, pas exactement à la fraîche, mais la température est plus clémente que dans la fournaise du jour. C’est un moment où elle course avec enthousiasme les rats aux alentours du parc à chiens. Sans succès (et je m’en réjouis), bien que l’affluence soit stupéfiante autour du local à poubelles et dans les fourrés avoisinants. Et moi, que dire, je peste (forcément).

Les rats ont mauvaise presse, à Paris en particulier. Six millions de Rattus norvegicus (surmulot brun, donc pas le Rattus noir) grouilleraient dans les sous-sols de la capitale, soit 1,75 rat par habitant. Estimation fantaisiste selon les spécialistes du projet interdisciplinaire Armaguedon (oui, le nom est bizarrement choisi) consacré d’une part à la biologie et l’écologie des populations de rats bruns, et d’autre part aux risques qui leurs sont associés et aux préjugés qui les entourent.

Pour les chiffres, je les crois sur parole, même si je note qu’il ne se passe pas une promenade canine sans que plusieurs rongeurs ne se faufilent entre mes jambes. Pour les préjugés, il y a du boulot, comme en témoigne le débat qui a animé le Conseil de Paris au début de l’été. Que faire face à ce voisinage intempestif et envahissant ? Côté cour – je résume –, il y a ceux qui prônent une politique ferme, boutons les rats hors de Paris, risque sanitaire et nuisance pour les Parisiens et touristes ; côté jardin, il y a ceux qui estiment que les rats sont utiles (ils boulottent une partie de nos déchets), peu susceptibles de transmettre une zoonose (leptospirose) et qu’il faut trouver des méthodes non létales pour lutter contre leur prolifération.

D’où la mise en place d’un comité pour étudier la cohabitation des Parisiens avec les rats. Sur le coup, j’ai souri (facile), mais à la réflexion, je constate non seulement que le geste est courageux mais qu’il témoigne d’un changement radical d’époque. Quand j’étais adolescent, les rats étaient pour moi ceux de Camus : “Le jour viendrait où, pour le malheur et l’enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse.” Une métaphore commode de ce que nous craignons des autres hommes et plus encore de nous-même : “On n’est rien de plus qu’un nid à rats peuplé d’arrière-pensées”, écrit Kafka. Ces rats-là, on les voulait sinon oblitérés, du moins invisibles et cantonnés dans nos sous-sols mentaux crapoteux.

Ce temps-là est révolu. Aujourd’hui, les rats sont moins des objets littéraires et plus des sujets sensibles. Et tant mieux. Vinciane Despret, dans son livre Penser comme un rat (Quae, 2009), note que les éthologues ont observé depuis longtemps que, chatouillés, “les rats ont un rire semblable à ceux qu’on a pu entendre quand ils jouent”. Elle conclut en précisant que la bonne question n’est pas de penser comme un rat mais de penser avec.

Quand je rentre avec Molly de sa promenade vespérale, elle a le sourire aux babines, littéralement. Pas sûr que les rats soient franchement ravis de l’avoir croisée (“J’ai encore été poursuivi par une géante maniaque à poils blancs !”), mais Molly, c’est sûr. Quant à la saleté de Paris, ce n’est pas tant un problème de rats que d’humains. »

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