Montées de désir
L’homme moderne serait-il sadien ? Pour les chorégraphes Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault, Sade est à la recherche des limites du corps. Et, selon Bernard Edelman, juriste, la Cour européenne construit un individu maître de ses pulsions.
Le corps, révélateur d’âme
« Nous définissons notre travail comme le théâtre du corps. Mettre en scène Sade, qui écrit qu’il se sent “prisonnier du théâtre de son corps”, était une évidence. Notre spectacle a pour cadre l’asile de Charenton, où l’écrivain est resté enfermé jusqu’à sa mort. Sur scène, huit danseurs, dont nous faisons partie, incarnent des aliénés. Ces fous sont les chimères que Sade invente ; ils interprètent les personnages récurrents de son œuvre (libertins, courtisanes, abbés), et sont tour à tour victimes et bourreaux. Les scènes sont ponctuées d’extraits de la correspondance et de citations, lus par Alain Delon. Par exemple, cette phrase : “On déclame contre les passions sans songer que c’est à leur flambeau que la philosophie allume le sien.” Sade est une source d’inspiration pour les danseurs et les chorégraphes, car chez lui le corps est le vecteur de la pensée. Il renverse Descartes pour mieux rendre charnelle la philosophie : je suis, donc je pense. Les pulsions primitives jaillissent, et nous avons cherché à retranscrire cette implosion dans la gestuelle, avec des mouvements (déliés de bras, rotations du bassin) très instinctifs. Comme dans ses écrits où les orgies alternent avec les causeries, notre ballet enchaîne les scènes où les corps s’imbriquent comme dans les tableaux
de Bosch, et des moments de répit, prélude à une nouvelle montée du désir. Nous avons voulu éviter la surenchère dans le sulfureux, en enveloppant souvent les corps dénudés dans des lumières en clair-obscur. La force de Sade réside dans son exploration des profondeurs inavouables de l’humain, et non dans l’obscénité gratuite. Il passe au révélateur notre âme par le biais du corps qui exulte. Pour nous aussi, ce fut un exutoire, et ce spectacle nous a confortés dans cette conviction : la danse ne doit pas être trop cérébrale ; elle doit s’affirmer comme un art du sensible. »
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