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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Zhongnanhai, siège du gouvernement chinois, Pékin (Chine), 17 février 1973. Henry Kissinger, envoyé présidentiel, rencontre le président de la Chine communiste Mao Tsé-toung (à dr.) et le Premier ministre Zhou Enlai (à g.). Alors que la guerre du Vietnam s'éternise, Kissinger déclare à Zhou Enlai en 1972 que “si nous pouvons vivre avec un gouvernement communiste en Chine, nous devrions pouvoir l'accepter en Indochine”. © AP/Sipa

International

Quelle était la vision du monde de Kissinger ?

publié le 04 décembre 2023 7 min

Henry Kissinger s’est éteint le 29 novembre, à l’âge de 100 ans. Saviez-vous que sa vision du monde et sa pratique diplomatique étaient nourries de lectures philosophiques ? Il en a tiré une conception à la fois idéaliste et réaliste, qui tente d’établir un ordre international, tout en le sachant menacé. Voici la doctrine Kissinger.


 

Henry Kissinger (1923-2023) a la réputation du diplomate qui a le plus influencé les affaires du monde dans la seconde moitié du XXe siècle. Mais l’ancien secrétaire d’État américain, prix Nobel de la paix en 1973, n’était pas seulement un homme d’action : ses ouvrages, notamment Diplomatie (Fayard, 1990) et L’Ordre du monde (Fayard, 2013, rééd. 2023), attestent d’une vision du monde structurée – même si l’on n’est pas d’accord avec elle !

Entre idéalisme et réalisme

Kissinger a lu les philosophes politiques, et apprécie tout autant les apologues d’un ordre international harmonieux que des penseurs plus réalistes et parfois sulfureux. Emmanuel Kant est pour lui « le plus grand philosophe des Lumières », car il a ouvert l’horizon d’une paix perpétuelle. Comme il l’écrit, « méditant sur le monde depuis l’ancienne capitale prussienne de Königsberg et se penchant sur la période de la guerre de Sept Ans, de la guerre révolutionnaire américaine et de la Révolution française, Kant eut l’audace de voir dans ce bouleversement général la timide amorce d’un nouvel ordre international plus pacifique. » C’était aussi l’objectif ultime du diplomate américain. Mais il s’est intéressé à d’autres penseurs des Lumières, qui ont analysé le nouvel ordre européen né après la paix de Westphalie (1648). « Voltaire décrivait l’“Europe chrétienne” comme une sorte de grande république divisée en plusieurs États, certains monarchiques, d’autres hybrides, mais qui vivaient en harmonie et souscrivaient à des principes de politique et de droit public identiques, ignorés dans les autres parties du monde. Ces États ne faisaient qu’un […] Montesquieu reprit le même thème », mais dans le champ de la politique intérieure, pour décrire le nécessaire équilibre des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. « Pour lui, l’équilibre des forces distillait l’unité à partir de la diversité. »

Kissinger, en revanche, se méfiait de Rousseau. Ce dernier, d’après lui, « condamnait toutes les institutions existantes » à l’intérieur comme à l’extérieur, et était de ce point de vue le père de la Révolution. « Pour les tenants de cette idéologie, toutes les monarchies étaient par définition des ennemies ; et, dans la mesure où elles n’étaient pas disposées à abandonner le pouvoir sans résister, la Révolution dut, pour l’emporter, se muer en un mouvement de croisade internationale bien décidée à assurer la paix mondiale en imposant ses principes. […] Ce faisant, la Révolution opéra une nouvelle fusion entre politique intérieure et politique extérieure, légitimité et pouvoir, dont la dissociation par le règlement de Westphalie avait limité l’étendue et l’intensité des guerres européennes. L’idée d’un ordre international prescrivant des limites à l’action de l’État fut ainsi renversée en faveur d’une révolution permanente qui ne connaissait que la victoire ou la défaite totales », déplore Kissinger.

Kissinger et les philosophes : l’idéal d’un ordre mondial… coûte que coûte ?
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