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Antonio Gramsci. Portrait non daté. © ROPI /REA

Qu’est-ce que l’hégémonie culturelle ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le 15 février 2021 3 min

Le théoricien du marxisme Antonio Gramsci a inventé le concept d’« hégémonie culturelle », suivant l’idée que la politique se joue autant dans les esprits que dans les luttes sociales ou les urnes. Mais cette idée est de plus en plus souvent récupérée par des personnalités de droite ou d’extrême droite. Comment est-ce possible ? Suivez le guide ! 

 

  • À la source de l’accaparement du philosophe italien par la droite et l’extrême droite, l’idée, essentielle chez Gramsci, que les luttes politiques se jouent en grande partie dans les esprits, sur le « front culturel », celui de l’idéologie. Cependant, là où Gramsci considérait que le combat devait être dirigé contre l’« hégémonie » de l’idéologie capitaliste, ceux qui, à droite se réclament de lui s’en prennent à l’idéologie « de gauche », « multiculturelle », qui dominerait l’espace public. Ils s’attaquent du même coup à la conséquence supposée de cette idéologie : la fragilisation de l’identité nationale, qu’il faudrait défendre contre les éléments dits étrangers. Une guerre culturelle dirigée aussi bien contre la gauche que contre l’immigration. 
  • Le philosophe italien fonde sa réflexion sur une critique de Marx : aux yeux du père du communisme, le changement de la « superstructure » idéologique qui organise la société s’effectuera mécaniquement si l’on transforme l’« infrastructure » matérielle, économique, dont il n’est que le corrélat. Toute les luttes doivent donc être concentrées sur la destruction système capitaliste – qui finira de toute façon tôt au tard par s’effondrer en raison de ses contradictions internes. Force est pourtant de constater que ce système tient toujours debout. C’est tout le problème qu’affronte Gramsci au début du XXe siècle : malgré les crises, la culture bourgeoise maintient le système debout.
  • Selon le théoricien du marxisme, si les luttes sociales n’aboutissent pas, c’est justement parce qu’elles se cantonnent à la sphère économique, matérielle, sans se donner les moyens de remettre en question l’idéologie. Les ouvriers restent prisonniers d’une « fausse conscience de classe » : ils croient aux valeurs de la bourgeoisie – à la réussite individuelle, aux vertus de la compétition, à l’intérêt personnel, à la consommation. Le « combat culturel » n’a pas encore été livré parce qu’il n’a pas été pensé. Il est donc urgent de s’attaquer directement aux instances non-économiques. Lesquelles ? L’école, l’Église, les médias, qui s’occupent d’une « éducation positive », la police et les tribunaux en ce qui concerne « l’éducation négative et répressive ». Ces instances permettent à la classe dominante de « transformer en sens commun » leur propre idéologie, rendant possible cet étonnant renversement : que « la force apparaisse appuyée sur le consentement de la majorité ».  
  • La classe ouvrière doit parvenir, selon Gramsci, à « l’acquisition progressive de la conscience de sa propre personnalité historique ». Et de conclure qu’« avant de pouvoir occuper l’État, il faut accomplir l’occupation culturelle de la société civile ». Rien à voir, en somme, avec la manière dont la droite nationaliste interprète le concept gramscien. Assurément, celle-ci répliquera que l’idéologie multiculturelle de gauche, réputée hégémonique, est aussi au service du capitalisme, parce qu’elle détruit la nation et la livre sans défense à la mondialisation. Mais, explique Gramsci, c’est bien plutôt le nationalisme qui est au service du capitalisme, parce qu’il divise la classe ouvrière selon des critères non sociaux.
  • L’allusion que Gérald Darmanin fait à Gramsci se situe nettement du côté du nationalisme, et pas de la défense de la classe ouvrière. Loin d’être anticapitaliste, Gérald Darmanin peut en outre difficilement se placer du côté des victimes de l’hégémonie culturelle. Il occupe un poste de pouvoir stratégique au sein du gouvernement actuel. Et pas n’importe lequel ! La police, dont il est en charge dans son ministère, est en effet considérée par le marxisme comme un vecteur de transmission privilégié des valeurs de la bourgeoisie. Pour toutes ces raisons, en entendant Gérald Darmanin se dire « gramsciste », Antonio Gramsci se serait sans nul doute retourné dans sa tombe. 
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