Richard Shusterman. Grand corps vivant
Richard Shusterman, spécialiste de l’art populaire, pratique la philosophie comme un mode de vie. Proche du courant pragmatiste, il milite pour que l’expérience du corps entre de plain-pied dans le champ de la réflexion.
Il s’en amuse : « Pendant longtemps, en France, j’ai été considéré comme “le” philosophe spécialiste du rap. On me voyait plus dans l’émission de hip-hop “Rapline” que dans le cadre de “Bouillon de Culture” ! » Philosophe pragmatiste américain, Richard Shusterman s’est fait remarquer dans l’Hexagone en 1992 par son premier essai, L’Art à l’état vif. La pensée pragmatiste et l’esthétique populaire – paru dans la collection « Le sens commun » que dirigeait à l’époque Pierre Bourdieu. Illustration du programme consistant à « repenser l’art sur des bases plus larges, plus démocratiques et plus engagées dans la pratique », pour développer le « potentiel démocratique et progressiste » de la philosophie pragmatiste, le chapitre « L’art du rap » défendait la légitimité esthétique de cette culture populaire dénigrée.
Bilingue, chaleureux et volubile, Richard Shusterman entretient un lien très fort avec la France où son dernier livre, Conscience du corps. Pour une soma-esthétique, a paru il y a peu, avant même qu’il ne soit publié aux États-Unis. Le penseur y dialogue avec Michel Foucault, Maurice Merleau-Ponty ou Simone de Beauvoir, tout en payant sa dette envers deux Américains fondateurs du pragmatisme : John Dewey et William James, sources de sa philosophie. Régulièrement invité par l’ENS, l’EHESS ou le Collège international de philosophie, Richard Shusterman se sent compris en France, pays qui a su penser et travailler « l’idée de vie philosophique », cruciale à ses yeux. Pour l’auteur de Vivre la philosophie. Pragmatisme et art de vivre, la philosophie figure un mode de vie, une pratique incarnée. Sans médiation.
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