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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Sari Nusseibeh. © Basso Cannarsa/opale.photo

Israël-Palestine

Sari Nusseibeh : “La victime de toute la séquence pourrait bien être la possibilité d’un accord de paix”

Sari Nusseibeh publié le 10 octobre 2023 4 min

Le déclenchement de l’opération Déluge d’al-Aqsa éloigne l’éventualité d’un accord pérenne de paix au Proche-Orient. Mais l’espoir d’une coexistence demeure pour le philosophe palestinien Sari Nusseibeh, ancien représentant de l’OLP à Jérusalem.


 

Comment avez-vous réagi en apprenant l’opération lancée par le Hamas ?

Sari Nusseibeh : Il m’a fallu plusieurs heures pour commencer à assimiler ce qui se passait. J’ai d’abord entendu les sirènes à Jérusalem, puis le bruit sourd des roquettes – ce qui ne m’a pas vraiment surpris, car cela s’était déjà produit auparavant. Il semblait normal de s’attendre à ce que le Hamas y ait recours un jour ou l’autre, lorsqu’il ressentait le besoin de montrer ses muscles. Mais le véritable choc est survenu lorsque l’on a appris que le Hamas avait réussi plus tôt à franchir le mur de séparation et à s’immiscer dans les colonies et les kibboutzim à l’intérieur d’Israël. À ma connaissance, cela ne s’était jamais produit. Toute l’opération semblait brillamment exécutée du côté du Hamas et l’impréparation du côté israélien était étonnante. C’était une réalité choquante à voir.

“Il apparaît clairement que le Hamas travaille d’arrache-pied depuis des mois à la préparation de l’attatque” Sari Nusseibeh

 

Pourquoi le Hamas agit-il maintenant ?

La réponse courte est que « cela ne s’est pas produit maintenant » : il apparaît clairement que le Hamas travaille d’arrache-pied depuis des mois à la préparation de l’attaque. Dans l’esprit du mouvement, cette attaque localisée dans le temps se déroulait donc déjà depuis plusieurs mois. Personnellement, je pense que leurs calculs étaient purement internes : comment retrouver une légitimité alors que 1) les incursions israéliennes en Cisjordanie, à Jérusalem et à al-Aqsa non seulement se poursuivaient mais s’intensifiaient en dépit de la démonstration de force de l’organisation lors de la dernière confrontation, et 2) alors que la popularité de leur régime à Gaza s’amenuisait. Je pense que des facteurs externes, tels que les accords d’Abraham de normalisation entre Israël et certains États arabes comme l’Arabie saoudite, lorsque ceux-ci ont commencé à être évoqués, n’ont fait que renforcer la détermination du Hamas.

 

La plupart des médias parlent de terrorisme pour qualifier les événements. Que pensez-vous de l’usage de ce terme ?

Ce terme n’est en général appliqué qu’aux acteurs non-étatiques. Il s’applique plus précisément au ciblage des civils et des institutions civiles par ces acteurs. Dans les situations de guerre où les civils sont pris pour cible, on utilise plutôt des termes comme « massacres » ou « génocide ». Si nous sommes dans une situation de « guerre », comme l’a décrite Netanyahou, parler de terrorisme ne semble pas forcément judicieux, ce qui n’enlève rien au caractère odieux de certains actes. Le plan consistait clairement à prendre en otage le plus grand nombre possible de prisonniers en vue de négociations ultérieures. Cependant, certains témoignages et certaines images qui circulent actuellement montrent clairement un degré intolérable de violation de la dignité humaine de la part des infiltrés à l’égard des prisonniers.

“Le prix d’une guerre continue est, pour les deux parties, au-delà de ce qui est humainement supportable ; et ce que tout le monde veut vraiment en fin de compte, c’est la paix” Sari Nusseibeh

 

Le succès de l’opération Déluge d’al-Aqsa va-t-elle modifier le rapport de force entre le Hamas et l’Autorité palestinienne ?

Il est trop tôt pour se prononcer : la population peut être grisée pendant un certain temps par ce qui est perçu comme une brillante victoire du Hamas, par le constat qu’Israël n’est pas, en fait, invincible. Mais une fois que la poussière des premiers jours sera retombée, deux considérations reviendront à l’esprit des gens. D’une part, le prix à payer en vaut-il vraiment la chandelle ? Et d’autre part : qu’est-ce que nous voulons réellement ? Le prix d’une guerre continue est, pour les deux parties, au-delà de ce qui est humainement supportable ; et ce que nous, Palestiniens et Israéliens, voulons vraiment en fin de compte, c’est la paix. Le parti – du côté palestinien – qui représente cette option est l’Autorité palestinienne. Je m’attends donc à ce que tôt ou tard, si elle joue bien son rôle auprès de sa population, l’Autorité retrouve son statut, certes précaire, vis-à-vis du Hamas. La victime de toute la séquence pourrait bien être, cela dit, la possibilité d’un accord de paix entre les deux parties. Il se peut désormais que nous ne reprenions pas cette direction avant plusieurs années.

 

Face à l’horreur, il paraît souvent inacceptable d’essayer de comprendre. Mais c’est tout de même ce qu’il faut faire ?

En réalité, la violence est malheureusement très facile à comprendre : elle surgit lorsqu’une partie calcule que c’est le seul moyen d’arriver à ses fins. C’est la logique à l’oeuvre depuis 74 ans dans notre région. La deuxième « règle » à prendre en compte est que la violence n’engendre jamais que la violence, à moins que l’une ou l’autre des parties ne soit anéantie.

“La violence surgit lorsqu’une partie calcule que c’est le seul moyen d’arriver à ses fins” Sari Nusseibeh

 

Craignez-vous la réponse d’Israël ?

Bien sûr que je crains la réaction d’Israël. Je suis déjà témoin de ce qu’elle signifie. Mais je pense toujours que le conflit n’est pas insoluble. Bien que cela semble très improbable, la paix pourrait je crois prendre tout le monde par surprise, comme l’a fait en un sens l’attaque du Hamas. Peut-être que la tragédie actuelle peut elle-même devenir un motif pour aborder le conflit avec un esprit lucide afin d’y mettre fin. Si cela ne se produit pas d’un seul coup, je pense que les générations futures finiront tout de même par trouver un mode de coexistence équitable entre les deux peuples sur cette terre. On finira par s’apercevoir que les dividendes de la coexistence l’emportent de loin sur ceux de la poursuite de la violence.

“Le prix d’une guerre continue est trop lourd à payer pour les deux parties”
Traduit par Octave Larmagnac-Matheron
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