“Travailler pour recevoir le RSA” : Rousseau à la rescousse de Macron ?
Emmanuel Macron propose de conditionner le RSA à des heures d’activité. Cette mesure fait polémique. Mais saviez-vous que Jean-Jacques Rousseau lu-même, à son époque, critiquait les « fripons » qui profitent des aides sans travailler ? Une analyse qui n’est peut-être pas pour autant favorable au président-candidat… Explications.
Pour cette campagne présidentielle éclair du président sortant, il fallait frapper fort. L’apôtre du « en même temps » a décidé de faire de la réforme du Revenu de solidarité active (RSA) un marqueur de son programme politique. Lors de la conférence de présentation de son programme, le 17 mars dernier, Emmanuel Macron a promis à la fois de rendre le RSA automatique, luttant ainsi contre le phénomène de non-recours, mais aussi de conditionner l’allocation à une contrepartie. Demandant « plus d’efforts », il souhaite instaurer une « obligation de consacrer 15 à 20 heures par semaine » à une activité, en échange de la perception de la somme. Le but est d’insérer les allocataires du RSA dans le marché du travail. Derrière cette proposition, il y a aussi l’idée de lutter contre l’assistanat, ou « assurer un meilleur équilibre des droits et devoirs », comme l’a dit l’actuel président.
L’argumentaire employé par Macron rappelle étrangement celle de Jean-Jacques Rousseau. Ce dernier a en effet élaboré une philosophie du travail comme principe cardinal, et dénoncé la nature parasitaire des « fripons », entendus comme des profiteurs du système et les fossoyeurs de l’ordre social.
Rousseau : l’idéal du travail digne
Le philosophe de la « délicieuse indolence » (Essai sur l’origine des langues, 1781) n’aurait pas sursauté en écoutant Macron voulant restaurer « la dignité au travail ». Pour cause : le travail est selon lui la porte d’entrée vers la civilisation. Selon la conception rousseauiste, à l’état de nature, l’être humain vit en harmonie avec son environnement et n’a pas besoin de travailler pour subsister à ses besoins : « Je le vois se rassasiant sous un chêne, se désaltérant au premier ruisseau, trouvant son lit au pied du même arbre qui lui a fourni son repas, et voilà ses besoins satisfaits. » (Discours sur l’origine de l’inégalité, 1755) Mais voilà, l’homme est « déchu » de son état de nature : mû par un désir de conservation, il doit s’adapter. C’est ainsi que le travail est né : « Le long de la mer et des rivières [les hommes] inventèrent la ligne et le hameçon et devinrent pêcheurs et ichtyophages. Dans les forêts, ils se firent des arcs et des flèches. » (Ibid.) Travailler ou mourir, il faut choisir !
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