Ukraine, une identité en situation
Spécialiste de l’Ukraine et de la Biélorussie, la politologue Alexandra Goujon, qui vient de publier L’Ukraine. De l’indépendance à la guerre, retrace pour nous l’histoire contrastée de cette nation indépendante depuis trente ans.
Ukraine, naissance d’une nation
882 Création de la Rous, une confédération multiethnique à Kiev.
1667 Partition de l’Ukraine entre la Pologne et la Russie.
Janvier 1918 Proclamation de l’indépendance de l’Ukraine.
1922 Création de l’URSS incluant la République socialiste soviétique d’Ukraine.
1932-1933 Millions de morts suite à la famine provoquée par les autorités soviétiques.
29-30 septembre 1941 Massacre des Juifs par les nazis à Babi Yar, à Kiev.
6 novembre 1943 Reprise de Kiev par l’Armée rouge.
26 avril 1986 Explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl.
1er décembre 1991 Référendum sur l’indépendance. Leonid Kravtchouk élu président.
2004 Révolution orange. Viktor Iouchtchenko élu président.
Novembre 2013-février 2014 Révolution de Maïdan. Fuite de Viktor Ianoukovitch en Russie.
février-mars 2014 Annexion de la Crimée par la Russie. *
11 mai 2014 Référendum d’indépendance des Républiques populaires de Donetsk et de Louhansk.
Avril 2019 Volodymyr Zelensky élu président.
Février 2022 La Russie attaque l’Ukraine.
L’unité et la résistance du peuple ukrainien frappent aujourd’hui. À quoi tiennent-elles ?
Alexandra Goujon : Le peuple ukrainien, qui dispose d’un état indépendant depuis 1991, s’est forgé un « imaginaire collectif », selon l’expression de l’historien Benedict Anderson [1936-2015], « une communauté politique imaginée » sur laquelle se fonde l’unité nationale. Le nationalisme ukrainien se développe dès le XIXe siècle, comme ailleurs en Europe, mais il ne se concrétise dans sa forme étatique qu’à la fin du XXe siècle après une occasion manquée en 1918. Avec la chute de l’URSS et l’indépendance, il se renforce face à la Russie, notamment dans une frange plus ou moins nationaliste, laquelle lui attribue les purges des années 1930, la famine de 1933 et toute la répression post-Seconde Guerre mondiale. Depuis 2014, avec l’annexion de la Crimée par la Russie et le soutien russe au séparatisme à l’est du pays, on constate l’expression d’un nationalisme que j’appelle « défensif », parce qu’il se développe face à une menace russe existante.
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