“Zoocities”, de Joëlle Zask
Lors du confinement, les animaux ont fait leur retour en ville. La cohabitation avec eux est-elle possible ? Réponse avec le dernier livre de la philosophe Joëlle Zask, Zoocities.
Le 19 août dernier, certains habitants du Perthus (Pyrénées-Orientales) ont eu la surprise de tomber nez à nez avec des sangliers en plein centre-ville. De quoi rappeler les images de rues désertes qui, lors du confinement imposé pour lutter contre un virus d’origine animale, ont été reconquises par les bêtes. Pourquoi sommes-nous à ce point perturbés par la rencontre imprévue d’animaux sauvages dans l’espace urbain ? Parce que la ville a, dès l’origine, été conçue comme l’édification d’un bastion échappant au règne sauvage de la nature, analyse Joëlle Zask dans son dernier ouvrage, Zoocities (qui vient de paraître chez Premier Parallèle). Contre ce modèle de la séparation étanche, celui de la ville, la philosophe appelle de ses voeux la réactivation de l’idée de cité en tant que « communauté de vie indépendante ».
« Dans notre esprit, tout du moins occidental, la ville n’est pas faite pour les animaux – ni d’ailleurs pour la nature à laquelle elle s’oppose. » Selon Joëlle Zask, en effet, c’est d’abord la délimitation d’une frontière entre l’espace de la vie humaine et celui de la sauvagerie qui définit la ville, en particulier la ville romaine qui façonne notre imaginaire. « L’acte fondateur consiste à ériger un mur qui la circonscrit, la sépare, l’isole, la protège ».
La ville idéale imaginée par la modernité à partir de la Renaissance approfondit cet effort de séparation, et le complète d’un travail minutieux pour expurger les résidus d’une nature « imprévisible et chaotique » dans l’enceinte même de la ville. L’urbs utopique sera minérale et géométrique, uniforme et régulière, strictement organisée par l’esprit et la volonté politique planificatrice.
Chacun est à sa place dans cet espace quadrillé qui ne peut tolérer les pérégrinations erratiques de la bête sauvage. Les seuls vivants admis dans cette « forteresse imprenable » sont les végétaux plantés par l’homme et les animaux domestiques. La ville devient une utopie au sens littéral : un non-lieu indifférent à son milieu concret et aux êtres vivants qui le parcourent.
Et pourtant, le réel résiste ! À l’immuabilité de l’idéal, il réplique par le fourmillement de la vie. Sans cesse, la nature s’insinue dans les failles, les marges, les interstices qui lézardent « l’ordre rationnel permanent et universel » de la ville moderne et en contestent la viabilité. « Il suffit qu’un canard se dandine sur un passage clouté pour que nos représentations les plus ancrées soient ébranlées ».
Plutôt que de reconduire le modèle destructeur de la ville utopique, Zask propose un changement de paradigme : renouer avec la conception ancienne de la cité. Contrairement à la ville qui se résume à une organisation rigide de l’espace, la cité est d’abord une « communauté de vie » qui, sans exclure la muraille, rend possible un voisinage harmonieux avec la nature sauvage et les autres vivants.
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