Réalisme

En philosophie, le réalisme repose sur la conviction que le réel existe extérieurement à la pensée et indépendamment d’elle. Le terme s’oppose donc à la doctrine contraire : l’idéalisme. Toutefois, la distinction entre ces deux courants est subtile. Platon soutient que les Idées intelligibles copiées par le monde sensible sont réelles, tandis qu’Aristote, réaliste, fait des catégories de la pensée des propriétés de l’être. Lors de la querelle des universaux, au Moyen Âge, les réalistes (Guillaume de Champeaux, et de manière modérée, Thomas d’Aquin et Jean Duns Scot) soutiennent que les concepts viennent après la chose (post rem) et non pas avant elle (ante rem), comme l’affirment les nominalistes (Guillaume d’Ockham), ou en même temps qu’elle (in rem), comme le croient les conceptualistes (Pierre Abélard). Le criticisme de Kant permet de conjoindre à la fois réalisme empirique et idéalisme transcendantal, les phénomènes étant scientifiquement fondés alors que la chose en soi reste inaccessible à la connaissance. Affranchi de la métaphysique, le réalisme scientifique du XX^e siècle, revendiqué par le cercle de Vienne, affirme la réalité du monde et la possibilité de le représenter fidèlement par le langage. En politique, le réalisme, en particulier celui de la Realpolitik allemande inaugurée par Bismarck, se veut anti-utopique et pragmatique. En esthétique, le réalisme désigne un mouvement pictural (dominé par Courbet) et surtout littéraire, apparu en France au milieu du XIX^e siècle par réaction contre le romantisme. Soucieux d’exalter la réalité, les écrivains classés dans ce courant (Balzac, Flaubert, Zola) s’appuient notamment sur un sens aigu de l’observation et sur une forte documentation pour produire leurs œuvres. Au XX^e siècle, le surréalisme s’opposera à cette esthétique en faisant prévaloir le monde du rêve sur la réalité.