Couvrez cette sueur que je ne saurais voir !
Pourquoi voulons nous cacher notre sueur ? Au-delà de l’odeur que l’on masque par un déodorant, c’est l’auréole que l’on craint parfois. La philosophie, mais aussi l’histoire biblique et littéraire, nous permet de revenir aux racines de ce dégoût. Plus qu’un simple phénomène physique, la transpiration a longtemps été considérée comme une véritable souillure morale : un vice. Qui a aussi contribué à en faire un phénomène érotique. Explications.
La sueur, du latin « sudor », désigne à l’origine « un suintement qui sort par les pores de la peau ». Tout comme le sang, la salive et les larmes, elle appartient à ce que l’on appelait au Moyen Âge des « humeurs ». Selon la philologue et psychanalyste Julia Kristeva, elle désigne plus précisément « ce que j’écarte en permanence pour vivre ». Elle est un rebut de notre corps qui s’inscrit dans une logique de purification. C’est la fonction de tous les « déchets » corporels : ils « chutent » pour nous maintenir en vie. Quand je sue à grosses gouttes, c’est d’abord pour ne pas m’auto-intoxiquer.
Mais une transpiration excessive ou anormale semble parfois suspecte. La sueur perd alors sa fonction purificatrice. En s’écoulant en trop grande quantité, elle signale que je suis malade. La sueur sanguinolente évoquée par Lucrèce en est un des exemples les plus crus. « D’abord ils avaient la tête brûlante, toute en feu, les yeux rouges et brillants d’un éclat trouble. À l’intérieur du corps, la gorge toute noire distillait une sueur de sang », détaille le philosophe et poète latin à propos d’un pestiféré contaminé suite à l’épidémie qui s’est abattue sur Athènes au Ve siècle av. J.-C. Un symptôme terrifiant dont Jésus-Christ lui-même a été victime, lorsque sa « sueur » s’est transformée en « grumeaux de sang, qui tomb[ent] à terre », peu avant sa crucifixion. Dès lors, la sueur n’est plus un déchet purificateur, mais le signe sanglant de la mort à venir.
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