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Svenja Flaßpöhler (à g.) et Bernd Stegemann, (à dr.). Montage : PM. © Horst Galuschka/dpa/Dpa Picture-Alliance via AFP – © Henning Kaiser/dpa/AFP

Le débat

Faut-il livrer des armes à l’Ukraine ? Le débat (houleux) vu d’Allemagne

Svenja Flaßpöhler publié le 04 juin 2022 13 min

La solidarité avec l’Ukraine a-t-elle des limites ? Oui, pour Svenja Flaßpöhler directrice de la rédaction allemande de Philosophie magazine, qui voit dans les livraisons d’armes occidentales un risque d’escalade qui pourrait conduire à un conflit nucléaire. L’essayiste Bernd Stegemann conteste vigoureusement cette analyse, qui reprend à ses yeux la rhétorique et la propagande de Vladimir Poutine. Un débat tendu, mais qui soulève des questions à bien des égards incontournables.

 

Philosophie magazine tient à préciser que Svenja Flaßpöhler exprime dans cet entretien un point de vue personnel, qui ne reflète pas l’ensemble des positions des rédactions allemande et française de notre magazine.

 

Bernd Stegemann : Je ne comprends pas pourquoi vous avez signé cette lettre ouverte [adressée au chancelier allemand Olaf Scholz, qui voit dans les livraisons d’armes occidentales à l’Ukraine le début possible « d’une spirale d’armement mondiale aux conséquences catastrophiques »]. Je peux préciser mon incompréhension au sujet de passages très spécifiques. Par exemple, vous affirmez ceci : considérer que « la responsabilité du risque d’escalade vers un conflit nucléaire incombe uniquement à l’agresseur initial et non à ceux qui, les yeux fermés, lui fournissent un motif pour agir de manière éventuellement criminelle » serait une erreur fondamentale. Qui sont ceux qui fournissent un mobile « les yeux fermés » de cause ? Qu’est-ce qui pourrait être un mobile de guerre ?

 

Svenja Flaßpöhler : Lorsque les Américains fournissent des photographies aériennes pour que les Ukrainiens puissent abattre un navire militaire russe, ils fournissent un mobile qui pourrait aggraver cette guerre.

 

B. S. : Vous voulez dire que cette guerre concerne en fait Poutine, qui a besoin d’un mobile juridiquement fondé pour l’intensifier ?

 

S. F. : Non. La situation peut certainement dégénérer sans mobile juridiquement valable, il suffit d’un simple concours de circonstances. Mais les faits montrent que plus la guerre dure, plus l’Occident ose soutenir l’Ukraine de manière décisive, ce qui exacerbe les objectifs de guerre de l’Ukraine et rend de ce fait moins probable une solution négociée avec la Russie. Nous sommes déjà dans une dynamique d’accentuation, dont l’objectif militaire est dans l’obscurité. Notre lettre a été écrite parce que nous craignons que cette dynamique ne nous rapproche pas de la paix, mais d’une Troisième Guerre mondiale. La deuxième inquiétude que nous développons dans la lettre, c’est que, si l’objectif de la guerre n’est pas du tout clair et qu’une guerre de tranchées très longue et très sanglante s’annonce, la question éthique se pose bon gré mal gré de savoir à quel moment les victimes que cette guerre exige ne sont plus justifiables.

 

B. S. : Mais il y a une contradiction flagrante dans votre lettre. D’une part, vous menez un argument universaliste qui souligne que la responsabilité morale des actions et des inactions n’incombe pas seulement aux Ukrainiens, mais que les normes universelles s’appliquant ici nous concernent également. D’un autre côté, cependant, l’affirmation universaliste se fonde sur une hypothèse. Nous ne savons pas ce qui motive Poutine, ni ce qu’il veut, ni s’il jouera l’escalade. C’est donc un sentiment – ​​à savoir votre peur de Poutine – qui devient le fondement d’une règle éthique. C’est un gros problème.

 

 S. F. : Mais cette peur n’est pas irrationnelle ou névrotique. Il s’agit d’un risque tangible. Scholz lui-même avait exclu la livraison d’armes lourdes parce qu’il ne voulait pas prendre de risque. Puis tout à coup, revirement : nous livrons des armes lourdes. J’étais heureuse que la lettre ouverte ait surgi au moment même où cette décision a été prise. Bien sûr, je souhaite également que l’Ukraine conserve sa pleine souveraineté. Pour moi, cependant, la prévention d’une Troisième Guerre mondiale est primordiale. Parce que si une telle guerre éclate, toute l’Europe sera dévastée. À cet égard, la solidarité avec l’Ukraine – peu importe à quel point je suis en empathie avec les Ukrainiens ! – ne peut pas être inconditionnelle. N’y a-t-il pas de limite éthique pour vous dans cette guerre ? Diriez-vous que nous devons soutenir et livrer des armes quel qu’en soit le prix ?

Traduit par Octave Larmagnac-Matheron
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