Les chants d’oiseaux, un trésor naturel inestimable
Les chants d’oiseaux pourraient disparaître dans un futur proche. À cause de l’activité humaine, ils sont en tous cas de plus en plus rares et appauvris. Pourquoi cela nous attriste-t-il particulièrement ? Ce ne sont pas seulement des vivants qui meurent, mais tout un monde sonore et signifiant qui s’étiole sous nos oreilles, explique le philosophe américain David Abram, auteur notamment de Comment la terre s’est tue (La Découverte, 2021).
La disparition du chant des oiseaux accompagne, depuis ses origines ou presque, la prise de conscience de la crise écologique. Dès 1962, la biologiste Rachel Carson en fait le fil conducteur de son ouvrage décisif au titre évocateur : Printemps silencieux. « Sur des portions de plus en plus nombreuses du territoire américain, le retour des oiseaux n’annonce plus le printemps, et le lever du soleil, naguère empli de la beauté de leur chant, est étrangement silencieux », écrit-elle. « La disparition soudaine du chant des oiseaux, la suppression de la couleur, de la beauté et de la valeur qu’ils apportent à notre monde est survenue en douceur, insidieusement, sans même que s’en rendent compte ceux qui, chez eux, ne sont pas encore touchés par ce phénomène. » C’est de ce silence inédit qu’ont émergé les premiers questionnements quant à l’effet de l’usage intensif des pesticides en agricultures, qui élimine la source principale de nourriture des oiseaux, les insectes, et déstructure en profondeur les écosystèmes.
Pourquoi la disparition du chant des oiseaux nous touche-t-elle autant ? Les raisons sont multiples. Morale, d’abord : nous savons, désormais, que nos modes de vie et de développement sont en grande partie responsables de ce silence assourdissant qui nous environne. Le « printemps sans voix » nous accuse ; il fait résonner notre culpabilité. Raison esthétique, ensuite, que soulignait Carson : nous voilà désormais privés d’une partie de la richesse et de la diversité des formes sonores engendrées par la nature et ses hasards. Kant, déjà, soulignait dans la Critique de la faculté de juger (1790) cette beauté inhérente au chant imprévisible, insaisissable des oiseaux. « Le chant des oiseaux annonce la joie et le contentement pris à sa propre existence. […] Le chant des oiseaux, que nous ne pouvons ramener à aucune règle musicale, semble contenir plus de liberté et, pour cette raison, comprendre en lui, pour le goût, davantage que le chant humain, même dirigé d’après toutes les règles de l’art musical. »
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
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