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L’entreprise Agility Robotics a dévoilé son projet d’inauguration de RoboFab, une usine de fabrication de robots située à Salem, dans l’Oregon (États-Unis), qui pourrait produire plus de 10 000 robots par an. © Agility Robotics/Cover Images/Sipa

Travail

Les robots humanoïdes vont-ils nous libérer de l’aliénation du travail ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le 26 janvier 2024 11 min

« Une première dans l’histoire » : c’est en ces termes que l’entreprise américaine Agility Robotics qualifiait l’inauguration de la première usine au monde entièrement dédiée à la fabrication de robots humanoïdes. Ces androïdes polyvalents sont destinés à différents secteurs de l’économie. D’une manière générale, les robots sont-ils l’avenir du travail ? En nous inspirant des réflexions philosophiques sur l’aliénation et le travail, voici comment l’on pourrait concevoir l’articulation du travail entre être humains et machines à l’avenir.


C’est la machine qui prend l’homme

Faut-il craindre ou espérer la généralisation des robots, l’automatisation de la production, la machinisation de l’économie ? Les critiques de la machine sont aussi anciennes que le machinisme lui-même. Karl Marx, à l’aube de la révolution industrielle, en fournit sans doute le meilleur exemple dans le Manifeste communiste (1847-48). « L’extension du machinisme et la division du travail [qu’elle accentue] ont fait perdre au travail des prolétaires tout caractère d’indépendance et tout attrait. Le producteur devient un simple accessoire de la machine à qui l’on ne demande que le geste manuel le plus simple, le plus monotone, le plus vite appris. » Ce n’est plus la machine qui travaille pour l’homme mais l’homme, réduit à un rouage, qui travaille pour la machine. Celle-ci accentue la séparation entre l’homme, élément infime d’une immense chaîne de production tournée vers un marché impersonnel, et le produit de son travail. Le travail se fait toujours plus abstrait (le travailleur ne sait plus du tout ce qu’il fait et pourquoi il le fait). Il perd son sens. Et il perd en même temps sa valeur parce qu’il n’exige plus que quelques compétences simples. Le travail consiste « à ne plus que surveiller la machine et l’empêcher de tomber en panne ». Tous les travailleurs sont interchangeables dans cette grande machinerie. « C’est la machine elle-même qui, procurant adresse et force à l’ouvrier, est maintenant le virtuose, dotée de son âme propre. […] L’activité de l’ouvrier, réduite à une pure abstraction, est déterminée et réglée de tous côtés par le mouvement de la machinerie » (Grundrisse).

La critique sera reprise et prolongée par de nombreux penseurs :

  • Hannah Arendt : elle oppose l’outil à la machine dans Condition de l’homme moderne (1958) : « Tandis que les outils d’artisanat à toutes les phases du processus de l’œuvre restent les serviteurs de la main, les machines exigent que le travailleur les serve et qu’il adapte le rythme naturel de son corps à leur mouvement mécanique. […] L’outil le plus raffiné reste au service de la main qu’il ne peut ni guider ni remplacer. La machine la plus primitive guide le travail corporel et éventuellement le remplace tout à fait. »
  • Michel Henry : il dénonce dans La Barbarie (1987) l’atrophie dramatique de la vie humaine en régime machinique. L’être humain, en effet, ne peut s’épanouir que dans l’action qui met en jeu son énergie vitale, sa « force de travail » et l’ensemble de ses facultés. Mais, à l’ère des machines, « la seule action réelle qui subsiste – l’action qui consiste dans le sentir qu’on agit et s’épuise en lui –, c’est l’acte de pousser un bouton de commande. » On assiste alors à « l’atrophie de la quasi-totalité des potentialités subjectives de l’individu vivant et ainsi un malaise et une insatisfaction croissante ». « La modification qui pervertit la praxis subjective individuelle n’implique pas seulement sa réduction à des actes stéréotypés et monotones ; en même temps que ce rétrécissement et cet appauvrissement […] l’activité de ces actes insignifiants s’inverse en une passivité totale. C’est le dispositif objectif en ses divers agencements et dispositions qui dicte en réalité au travailleur la nature et les modalités du peu qui lui reste à faire. »
Réponse dans les pas de Marx, Bergson, Simondon, Gorz, Valéry, Arendt…
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