Qu’est-ce que le double standard ?
« La France ne pratique pas le double standard », affirmait récemment Emmanuel Macron au sujet de l’attitude hexagonale face au conflit israélo-palestinien. Comprenez : nous condamnons aussi fermement les crimes commis des deux côtés. Retour sur l’histoire singulière d’une expression devenue un outil majeur des mouvements de libération contemporains.
L’expression « double standard », aujourd’hui mobilisé par le président Macron, est d’abord apparue dans le monde anglo-saxon. Dans l’espace francophone, une autre formule est traditionnellement utilisée : « Deux poids, deux mesures. » Mais une même idée sous-tend les deux : il est injuste de juger deux situations comparables, qui devraient donc être appréciées à l’aune des mêmes critères, en fonction de critères différents.
Double standard économique
Cette idée émerge d’abord dans la sphère des échanges économiques. On la retrouve déjà dans le Deutéronome : « Tu n’auras point dans ton sac deux sortes de poids, un gros et un petit. Tu n’auras point dans ta maison deux sortes d’épha, un grand et un petit. Tu auras un poids exact et juste, tu auras un épha exact et juste. » Qu’est-ce à dire ? Jusqu’à l’uniformisation moderne des unités de mesure, en particulier des unités de poids, les commerçants utilisaient une grande variété d’unités, ce qui créait d’emblée une certaine confusion. À défaut de balances standardisées, ils utilisaient des étalons de poids (pesons) pour déterminer le prix des marchandises. Il arrivait alors fréquemment que certains commerçants usent des pesons plus lourds ou plus légers pour vendre plus cher ou acheter moins chers certains produits. Le « deux poids, deux mesures » désigne d’abord ce genre de tromperie : selon la situation, un même bien est estimé, évalué selon des étalons différents, sous couvert d’équité. La pratique apparaît évidemment injuste, pour autant que la justice consiste à juger par rapport à des normes universelles. La notion de double standard sera elle aussi d’abord mobilisée, dans le monde anglo-saxon, pour décrire des réalités économiques. Des escroqueries, bien entendu, mais pas seulement. Dans les années 1850 a ainsi lieu un débat âpre sur le double standard monétaire : les partisans du bimétallisme voulaient que la valeur de la monnaie soit indexée non pas sur un mais sur deux métaux, l’or et l’argent, afin de garantir un ratio fixe entre les deux. « On ne peut pas établir un double standard sans définir au préalable le rapport qui doit exister entre la valeur nominale des deux métaux », réplique le professeur Cayley (The Opinions of Sir Robert Peel, Expressed in Parliament and in Public, 1850).
Si, étymologiquement, la justice et le droit sont très proches (jus, juris, qui donne l’adjectif « juridique »), la justice est aussi une catégorie morale et même, chez les anciens, une vertu. Nous pouvons tous être révoltés…
Gagnez des places pour deux conférences au Théâtre de l’Œuvre à Marseille le 20 octobre à 20H : « Machiavel en Ukraine » et «…
En dépit de l’isolement abrupt que connaît l’Afghanistan, porté aujourd’hui par la peur et le refus d’être administré par un mouvement considéré…
C’est à Lyon, en marge des Assises internationales du roman, que nous avions rencontré Frans De Waal, dont nous venons d’apprendre la disparition…
Le metteur en scène britannique Declan Donnellan reprend avec une remarquable troupe d'acteurs russes sa lecture de “Mesure pour Mesure” sur la…
Si nous fantasmons la France périphérique, il n’en reste pas moins que notre pays est devenu une « société géographique ». Encore faut…
Démocratique, car elle privilégie les mérites d’un individu plutôt que sa naissance, l’évaluation reste pourtant subjective et peu fiable. Et si, au lieu d’encourager une politique du chiffre, elle était mise au service du (bon) sens ? …
Ce jeudi 11 décembre 2014 débute la conférence nationale sur l’évaluation des élèves. Elle devra affronter une question: Comment briser les effets…