Vaghezza

Nicolas Tenaillon publié le 1 min

Langue d’origine : italien

Du latin vagus, qui donnera « vague », « imprécis », ce mot désigne en esthétique un charme indéfini, proche de la grâce. Sa conceptualisation apparaît pour la première fois dans la version italienne du De pictura (1436 ; trad. fr. La Peinture, Seuil, 2004) de Leon Battista Alberti. La vaghezza s’y distingue de la bellezza, beauté fondée sur la vision, la lumière, la proportion, la stabilité. La vaghezza valorise, elle, les transitions douces, la superposition des couleurs en guise de contour, l’esquisse du mouvement. Avec sa technique du sfumato, Léonard de Vinci illustrera ce léger flou qui fait le charme du visage de la Joconde. La vaghezza touche d’ailleurs à la séduction, le verbe vagghegiare signifiant l’errance de l’esprit face à l’objet de son désir. Un autre théoricien de la Renaissance, Agnolo Firenzuola, explique dans ses Dialogues sur les beautés des dames (1541) que la vaghezza est une beauté attractive qui génère un mouvement de lieu à lieu (un vagabondo) propre à susciter le désir. Les Français tenteront de traduire le terme par « vaguesse » pour dire ce ton léger d’une peinture aérée et qui confère aux formes quelque chose de vaporeux et d’indécis. Mais cette traduction ne s’imposera pas. Ils seront en revanche plus heureux avec le non so che dont parle Firenzuola, traduit par « je ne sais quoi » et qui dit tout le charme de la vaghezza.

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