“Comment être heureux en travaillant ?”
Question de Paul Martin.
En ayant plus à y gagner qu’à y perdre. Les contraintes que le travail fait peser sur nos vies, le temps et l’énergie qu’il nous prend n’interdisent pas notre bonheur si notre activité est l’occasion pour nous de développer nos facultés, nos talents. C’est cet accroissement de la puissance d’exister que Spinoza nomme « joie » : « passage d’une moindre à une plus grande perfection ». Lorsqu’une telle joie de s’accroître est au rendez-vous, il devient aisé de supporter horaires, collègues non choisis ou hiérarchie. Sans cette joie, en revanche, le travail risque de devenir cette aliénation dont parle Karl Marx : une activité répétitive qui nous rend étrangers à nous-mêmes. Bien avant Spinoza, Aristote conçoit dans le plaisir pris à un acte l’indice même de la perfection de cet acte. L’idée est belle – il faudrait la faire circuler dans certaines entreprises françaises… –, l’indice de la compétence, c’est le plaisir. Si un boulanger ne prend pas de plaisir à faire son pain, c’est qu’il ne le fait pas assez bien. Si vous n’êtes pas heureux en travaillant, c’est que vous n’êtes pas encore assez compétent. Travaillez un peu plus et le plaisir viendra ! Freud définit la sublimation comme la satisfaction indirecte de cette énergie inconsciente qu’est notre libido, et il en voit la manifestation la plus pure dans le travail du génie créatif. Ici aussi, c’est l’intensité du travail qui rend possible, et même nécessaire, la sublimation. Impossible, selon Freud, de trouver cette joie supérieure dans un travail de dilettante. Trois possibilités, donc, de bonheur au travail : la joie de se développer, le plaisir de la compétence, l’excitation de la sublimation. Ajoutons à cela la possibilité d’une reconnaissance objective, qui peut être la conséquence du reste, et le bonheur de participer à une aventure collective, ou tout simplement à une forme de sociabilité, et nous disposerons des ingrédients principaux du bonheur au travail. La souffrance au travail ou le stress, le plus souvent, ne sont pas d’abord liés à l’excès de travail, mais à l’absence de ces ingrédients. Ce n’est pas le « trop » de travail qui conduit au burn-out mais le manque de reconnaissance. Ce n’est pas parce que nous travaillons trop que nous craquons mais parce que, dans ce travail, nous manquons d’occasions de nous développer.
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