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Le livre du jour

“FéminiSpunk”, de Christine Aventin

Victorine de Oliveira publié le 07 avril 2021 3 min

Au féminisme on a collé de nombreux épithètes : « néo », « post » et même « punk ». Mais spunk ? Il faut s’aventurer du côté de la littérature pour enfants, et notamment de Fifi Brindacier et de ses nattes insolentes, pour comprendre la proposition de Christine Aventin. Spunk est un adjectif inventé par la romancière suédoise Astrid Lindgren, la créatrice de Fifi. Proche du mot anglais punk, qui désigne à l’origine ce qui n’est « bon à rien » ou « tout juste bon à jeter, » mais pas tout à fait identique.

Quand le punk balayait les conventions, le spunk pourrait bien rendre au féminisme un peu de la subversion que sa dilution dans un certain discours néolibéral lui a fait perdre. C’est du moins l’espoir de Christine Aventin.

Vers une radicalité nouvelle

Si on a une vague idée de ce qui est punk – encore que, le terme renvoie désormais à un simple look devenu presque caricatural, plus vraiment à une attitude –, qu’attendre du spunk ? En lectrice assidue des facéties de Fifi Brindacier, qui se passe d’adultes, vit dans une sorte de squat – la villa Drôlederepos – et se vante d’être plus « costaud » que les policiers, Christine Aventin propose la définition suivante : « Le refus de la conformité telle qu’elle résulte de l’observation des autres en vue d’obtenir de l’information pour adopter un comportement approprié. » Mais l’autrice tient à distinguer le spunk du queer, devenu selon elle quasi mainstream. Qui ne se revendique désormais pas queer, à savoir étrange, à la marge, pas défini ? Aventin ne nie pas la pertinence du mot queer. Elle dénonce simplement une forme de récupération et de dévoiement, tout en ouvrant la voie à une radicalité nouvelle, faite de débrouille, de je-m’en-foutisme et de drôlerie. 

Lost in translation

Si Fifi Brindacier (Pippi Långstrump en version originale, soit littéralement Pippi Longues-Chaussettes) est une icône féministe dans son pays d’origine, c’est que la langue qu’elle manie est bien plus fleurie que celle qu’on lui connaît dans la version française. Le mot spunk est ainsi étonnamment traduit en français par « warou », lui ôtant toute connotation subversive. Alors que l’on s’interroge sur la pertinence d’aligner ou non le sexe et la couleur de peau des traducteurs aux auteurs, la réflexion de Christine Aventin sur le sort de Fifi Brindacier en dehors de sa langue maternelle est intéressante. On ne sait pas si le pôle jeunesse des éditions Hachette portait des couettes et des chaussettes trop hautes et dépareillées au moment du rachat des droits de l’œuvre de Lindgren, mais on a des doutes. Globalement, le français lisse, édulcore, gomme. Trahit même. Et voilà les petits lecteurs français privés d’un modèle d’insoumission et d’humour. Quand le mot spunk mène directement au mouvement du quasi même nom et aux Riot Grrrls, « warou » ressemble tout juste à… « wahou » ?

Un essai spunk

Logique, Aventin applique ses propres principes à l’écriture de son manifeste. Concrètement, la proposition de subversion se lit d’abord non pas entre mais dans les lignes. L’autrice belge fait plus que citer, elle laisse place à des voix extérieures ou intérieures, complices ou interrogatrices. Elle digresse, ne craint pas de ciseler encore et encore son sujet pour mieux en modeler l’impact. Elle fait aussi part de difficultés d’écriture, notamment d’une maladie grave qui a interrompu l’autrice dans son élan au bout du deuxième chapitre. Ce n’est pas tant la puissance qu’il s’agit de vanter – pas question pour Aventin de jouer sur le même terrain que les hommes en se lançant dans un « concours de bite » au féminin – que la possibilité d’être et de faire autrement : « La langue – inventer les mots qui nous manquent, détourner les mots qui nous marquent – est un outil insurrectionnel. Use language as a weapon [« Utiliser le langage comme une arme »]. Il suffit de voir ce que ça crée comme puissance, la métamorphose vocale d’une girl en grrrl. Tu la sens bien, la rage ? Et comment dès la première prise – c’est une prise de pouvoir –, tu deviens accro ? Parce qu’en relevant le menton, magie, tu rehausses du même coup ton regard et que ça modifie, de la manière la plus concrète qui soit, physiquement, ton point de vue. »

 

FéminiSpunk. Le monde est notre terrain de jeu, de Christine Aventin vient de paraître aux Éditions Zones (136 p., 11,99 € en version dématérialisée, 15 € en version imprimée). Il est disponible sur le site de l’éditeur, ainsi que chez votre libraire.

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