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Ouest de l’Ukraine, le 7 mars 2022. Même si elles ne sont pas appelées au combat, des femmes s’entraînent au maniement des armes pour résister à l’envahisseur russe. © Cozzoli/Fotogramma/ROPI-REA

Guerre en Ukraine

Femmes combattantes : l’autre visage de la guerre en Ukraine

Ariane Nicolas publié le 08 mars 2022 3 min

Depuis dix jours, deux millions de personnes ont fui les combats en Ukraine. Parmi elles, une très grande proportion de femmes et d’enfants, les hommes ukrainiens de 18 à 60 ans étant interdits de sortir du territoire, contraints à défendre leur pays. En ce 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, cette partition sexuée du phénomène guerrier interpelle : au nom de l’égalité femmes-hommes, aurait-il fallu exiger que les femmes soient appelées sous les drapeaux ? Le féminisme a-t-il sa place dans les armées et si oui, sous quelle forme ? Le débat n’est en réalité pas nouveau et renvoie à des questions anthropologiques de fond. Éclairage.

 

  • Publié le 8 mars, un post Facebook de la sociologue Irène Théry pose clairement les termes du débat et du paradoxe qu’il soulève. « Comme toutes les féministes, je me bats contre la partition sexuée des rôles, écrit-elle. Mais comment ne pas voir qu’en cas de guerre, on retrouve la partition classique : les hommes vont risquer leur vie pour leurs valeurs et protéger les réfugiés ; les femmes partagent exactement les mêmes valeurs et tentent de fuir en protégeant les enfants et les vieilles personnes. Comment critiquer ça ? Que penserait-on d’hommes qui partiraient avec les enfants en laissant leur épouse aller se battre ? » Elle indique ainsi que ce constat, qu’elle ne peut condamner, pose « un défi pour [s]a pensée féministe », partagée par de nombreuses autres femmes en commentaire. Prendre acte de cette asymétrie, ce serait accepter une inégalité de genre (dans ce cas, pourquoi pas en accepter d’autres ?) ; en retour, forcer les femmes à combattre et les hommes à fuir paraîtrait aberrant ou injuste.
  • Cette question du rôle sexué en temps de guerre n’est pas nouvelle. On la trouve au cœur de travaux anthropologiques, avec par exemple l’ethnologue Françoise Héritier qui s’y intéresse à plusieurs reprises, notamment dans un article de 1984, intitulé « Le sang des hommes et le sang des femmes ». Elle tente d’expliquer ce qui peut être à la racine de l’inégalité entre sexes et se réfère pour cela à leur différence physique, assumant une approche binaire de la question. Héritier indique que « la raison [de l’inégalité] est peut-être une caractéristique ancrée dans le corps féminin. Ce qui est valorisé par l’homme, du côté de l’homme, est sans doute qu’il peut faire couler son sang, risquer sa vie, prendre celle des autres, par décision de son libre arbitre ; la femme “voit” couler son sang hors de son corps et elle donne la vie (et meurt parfois ce faisant) sans nécessairement le vouloir ni pouvoir l’empêcher. »
  • Si les données empiriques lui donnent sans doute raison pour ce qui est des guerres lointaines, elles ont beaucoup évolué depuis quelques décennies. Côté français, la professionnalisation des armées a élargi le recrutement : les femmes représentent 15,5% des effectifs militaires français et les armées ont à leur tête l’une d’elles, Florence Parly. Pour ce qui est de l’Ukraine actuelle, la part des femmes est plus importante encore. On estime que 23% des combattants contre l’assaillant russe sont des combattantes – des volontaires, souvent jeunes, puisque la conscription ne concerne que les hommes. Les femmes participent également à l’effort de guerre en apportant un soutien logistique et médical, s’exposant elles aussi aux tirs ennemis. En résumé, la partition sexuée est toujours réelle, mais bien moindre qu’il y a encore 50 ans. Une répartition des rôles qui, du reste, implique ou devrait impliquer sa réciproque : si les femmes combattent davantage, alors les hommes devraient aussi plus participer aux tâches dites de « care » et à l’éducation des enfants.
  • Pour penser la guerre en Ukraine, on constate en tout cas qu’il est difficile de sortir des schémas mentaux auxquels nous étions collectivement acclimatés avant le déclenchement du conflit. Ici ou là, on entend que la guerre serait par essence une « idéologie viriliste » auxquelles les sociétés auraient échappé si les femmes, supposément moins menaçantes et belliqueuses, avaient eu le pouvoir. Vladimir Poutine est devenu la figure repoussoir d’une virilité agressive, meurtrière et en manque de reconnaissance – ses photos avec de jeunes et belles hôtesses de l’air, prises peu après le conflit, alimentant un peu plus cette analyse. Pour autant, en imaginant que le président russe soit destitué et remplacé par une femme, est-on sûr qu’un climat de paix régnerait sans partage ? Des contre-exemples historiques, tels que Margaret Thatcher (qui a décidé d’une guerre aux Malouines), Jiang Qing (la terrible « Madame Mao », largement responsable des millions de morts de la révolution culturelle chinoise) ou la Hongroise Élisabeth Báthory (la fameuse « comtesse sanglante ») viennent toutefois complexifier cet espoir…
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