Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

Malgré la pandémie de Covid-19, des Suédois s’assemblent dans un parc de Stockholm le 22 avril 2020. © Anders Wiklund/TT via AP/Sipa

Entretien

Gunnar Olsson : “En Suède, le virus nous a surtout donné l’occasion d’affirmer notre obéissance et notre nationalisme”

Gunnar Olsson, propos recueillis par Alexandre Lacroix publié le 12 mai 2020 6 min

En n’imposant pas de confinement et en gardant écoles, bars et restaurants ouverts, la Suède a choisi une stratégie unique dans l’Union européenne. Le grand géographe suédois Gunnar Olsson s’interroge sur les motivations profondes de cette option – et brosse un tableau plutôt sombre de son pays.

Face à l’épidémie, la Suède a suivi une stratégie unique en Europe en n’imposant aucun confinement strict. Comment ce choix audacieux, un temps envisagé par Boris Johnson au Royaume-Uni, a-t-il été accepté par la population ?

Gunnar Olsson : Oui, la Suède a suivi une ligne stratégique particulière, puisque aucune mesure de confinement n’a été imposée, les bars et les restaurants sont restés ouverts depuis le début de l’épidémie, le télétravail a été recommandé sans plus, et il n’y a même pas eu d’incitation à porter un masque dans la rue. Seules les assemblées de plus de cinquante personnes – ce qui inclut les matchs de football – ont été annulées, ainsi que les visites dans les maisons de retraite. Sinon, rien. Cette stratégie est formidablement populaire – alors que j’y suis moi-même assez réticent. Aussi surprenant que cela puisse paraître à un Français ou à un habitant d’une autre démocratie, les Suédois ont une confiance complète dans leurs dirigeants et leurs élites.

 

“Les Suédois sont obéissants, mais leur obéissance ne vient pas de la crainte d’une punition ni d’une quelconque contrainte. Ils obéissent par confiance”

Gunnar Olsson

D’où vient une telle confiance ?

C’est une très vieille histoire, qui a des racines profondes. Les Suédois sont obéissants, mais leur obéissance ne vient pas de la crainte d’une punition ni de l’exercice d’une contrainte directe. Ils obéissent par confiance. Nous avons confiance dans nos dirigeants. Les origines de cette attitude remontent aux XVIIe et XVIIIe siècles. Mise à part une brève expérience de monarchie absolue – et encore, beaucoup plus partielle qu’en France – entre 1680 et 1719, la Suède a très tôt connu une forme de parlementarisme. Les nobles ont été associés aux décisions de la couronne, une certaine collégialité a presque toujours existé. En revanche, cela n’a pas été le cas en Norvège, car notre voisin norvégien a été placé longtemps sous la domination danoise – il y a eu un impérialisme danois, qui a permis à ce petit pays d’exercer sa domination non seulement sur la Norvège mais aussi sur le Groenland. Nous avons conservé ici des autorités indépendantes, y compris pendant une période, allant de 1814 à 1905, où il y eut une union des royaumes norvégiens et suédois. Mais pour revenir à la Suède, nous sommes sous une domination presque continue du Parti social-démocrate des travailleurs depuis 1917, tant et si bien que chez nous tous les politiciens sont plus ou moins sociaux-démocrates ou en tout cas tous raisonnent selon les catégories de la social-démocratie. C’est pourquoi nous n’avons pas l’habitude d’entendre, dans le débat public, de fortes oppositions. Il y a un unanimisme suédois propice à la confiance. Mais plus encore que d’unanimisme, je dirais qu’il s’agit d’une sorte de corruption, pas d’une corruption au sens classique mais d’une corruption intellectuelle et morale.

Expresso : les parcours interactifs
Kant et le beau
​Peut-on détester une œuvre comme « La Joconde » ? Les goûts et les couleurs, est-ce que ça se discute ? À travers cet Expresso, partez à la découverte du beau et du jugement du goût avec Kant.

​
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
4 min
Écosse : un nationalisme cosmopolite ?
Helena Schäfer 27 janvier 2021

Le Brexit a eu pour effet collatéral de renforcer le nationalisme des Écossais, qui réclament, de plus en plus, leur indépendance vis-à-vis du…

Écosse : un nationalisme cosmopolite ?

Bac philo
4 min
Corrigés du bac philo – filière technologique : “La liberté consiste-t-elle à n’obéir à personne ?”
Frédéric Manzini 15 juin 2022

Lorsqu’on obéit, par définition, on se soumet. À première vue, la liberté suppose donc l’absence d’obéissance. Mais cette définition de la liberté…

Corrigés du bac philo – filière technologique : “La liberté consiste-t-elle à n’obéir à personne ?”

Article
4 min
Ouvrons la perspective
Martin Legros 20 février 2014

L’art de la cartographie, vu par le professeur émérite de géographie Gunnar Olsson. À force de scruter des cartes, ce géographe suédois …

Ouvrons la perspective

Article
7 min
Pierre Cassou-Noguès : “Le confinement nous donne l’impression de vivre dans une fiction”
Hannah Attar 03 décembre 2020

Le philosophe Pierre Cassou-Noguès a fait paraître en octobre dernier Virusland (Editions Cerf). Il explique son choix de passer par la fiction…

Pierre Cassou-Noguès : “Le confinement nous donne l’impression de vivre dans une fiction”

Article
3 min
Angélique Del Rey : “Cette pandémie devrait être l’occasion de réfléchir différemment à la santé humaine”
Alexandre Lacroix 11 décembre 2020

Si la pandémie a révélé une chose, c’est au moins le « modèle guerrier » de nos politiques de santé. Le discours martial d’Emmanuel…

Angélique Del Rey : “Cette pandémie devrait être l’occasion de réfléchir différemment à la santé humaine”

Bac philo
2 min
L’histoire
Nicolas Tenaillon 01 août 2012

On peut donner deux sens au mot histoire : ce que l’homme a vécu, et le récit qu’il en fait. En tant que récit, l’histoire suppose l’écriture, dont l’invention marque le passage de la préhistoire à l’histoire. Tournée vers le passé,…


Article
8 min
Emanuele Coccia : “Le virus est une force anarchique de métamorphose”
Octave Larmagnac-Matheron 26 mars 2020

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, les virus envahissent les corps mais aussi les esprits. Mais que sont-ils vraiment ? Pour le…

Emanuele Coccia : “Le virus est une force anarchique de métamorphose”

Entretien
10 min
Enzo Traverso : "Pour Arendt, le totalitarisme est la négation de la politique"
Catherine Portevin, Pauline Brenders,

Fascisme, nazisme, stalinisme : pour affronter les trois monstres du XXe siècle, il a fallu forger un mot nouveau, le totalitarisme. L’historien Enzo Traverso retrace le parcours, mais aussi les usages et les malentendus de ce…


Article issu du magazine n°140 juin 2020 Lire en ligne
À Lire aussi
Sandra Laugier. “Les liens ne se monnayent pas”
Par Frédéric Manzini
janvier 2020
Pierre-Henri Castel : “La grande leçon de la pandémie, c’est que la santé mentale des jeunes dépend largement de leur environnement”
Pierre-Henri Castel : “La grande leçon de la pandémie, c’est que la santé mentale des jeunes dépend largement de leur environnement”
Par Océane Gustave
avril 2021
Raphaël Imbert. “Ce qui a sauvé John Coltrane peut nous aider à traverser l’expérience du confinement”
Raphaël Imbert. “Ce qui a sauvé John Coltrane peut nous aider à traverser l’expérience du confinement”
Par Martin Legros
mai 2020
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Gunnar Olsson : “En Suède, le virus nous a surtout donné l’occasion d’affirmer notre obéissance et notre nationalisme”
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse