La démondialisation
Le terme fait florès en France, et la « démondialisation » est citée aussi bien par Arnaud Montebourg que par Marine Le Pen. Mais on ne sait pas que l’idée est née sous la plume d’un sociologue philippin, Walden Bello. Et que le but, pour lui, n’est pas de protéger le Nord du Sud, mais le Sud du Nord. Explications.
Les faits
Années 1980
L’ouverture des frontières économiques s’accélère et sa critique s’affirme. En France, Pierre Bourdieu, Robert Castel ou Dominique Méda dénoncent un dépérissement du politique dû à l’économie de marché. En 1996, Viviane Forrester fait de ces thèses un best-seller mondial : L’Horreur économique (Fayard). Parallèlement, un mouvement « altermondialiste » mondial se structure. En France, l’association Attac déclare « qu’un autre monde est possible » et participe aux manifestations géantes contre l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à Seattle, en 1999.
2002
C’est dans ce contexte que le mot « démondialisation » apparaît pour la première fois, sous la plume de Walden Bello (lire ci-contre), économiste altermondialiste philippin, dans Deglobalization, Ideas for a New World Economy (Zed Books). Estimant que le commerce mondial se fait aux dépens des pays « du Sud », il prône la réaffirmation d’une souveraineté locale par la relocalisation de l’économie, l’autosuffisance et un démantèlement de l’OMC, de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). Son but est politique : retrouver un contrôle politique de l’économie. Ce programme reste pourtant marginal au sein du mouvement altermondialiste qui préfère démocratiser la mondialisation économique au niveau international, par l’essor d’une société civile mondiale.
2010
Le terme fait florès. Assimilé au protectionnisme par Gordon Brown, il sert, selon lui, de repoussoir à l’esprit du Forum de Davos. En France, il brouille les oppositions politiques classiques : Arnaud Montebourg en fait le concept clef de son programme de candidat à la primaire socialiste en publiant Votez pour la démondialisation (Flammarion, 2011). Marine Le Pen s’empare aussi du concept alors que les altermondialistes d’Attac le qualifient de « superficiel et simpliste ».
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