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(cc) Wikimedia Commons / Marc Nozell

Politique/ États-Unis

Michael Walzer: “Il nous faut défendre l’idée de social-démocratie”

Michael Walzer publié le 13 décembre 2016 4 min

Pour le philosophe Michael Walzer, l'élection de Trump ouvre non seulement une vaste période d’incertitude politique mais elle oblige aussi l’opposition de gauche à renouer avec un discours critique du néolibéralisme et à défendre les acquis de la social-démocratie.

Quelle est votre réaction à l’élection de Donald Trump ?

Michael Walzer : L’effarement et la peur. Je ne suis pas d’accord avec ceux qui prétendent qu’il s’agit d’une défaite politique normale. Certes, l’élection a été très serrée ; si quelque 70 000 voix dans trois États avaient été à Hillary Clinton, nous aurions une discussion tout à fait différente. Et certes, Hillary a gagné le vote populaire à une large majorité, avec près de 3 millions de voix. Mais nous avons à présent un président qui a tenu des propos inexcusables et inacceptables à propos des migrants et des musulmans, qui a fait volé en éclat toutes les règles qui régissent la parole politique, qui n’est pas tenu à la vérité, et qui a permis aux groupes d’extrême droite, à la droite raciste et néo-nazie, d’apparaître dans le champ politique. Les temps sont durs.

 

Comment comprendre que les sondages et les médias n’ait pas prévu ce résultat ? Est-ce vraiment une surprise ?

Je crois que les propres sondages de l’équipe de campagne de Clinton montraient un glissement en faveur de Trump, durant la dernière semaine des élections, suite à l’étonnante intervention du directeur du FBI. C’est sans doute la raison pour laquelle Hillary a reconnu si tôt sa défaite. Nous autres étions assurément surpris. Nous espérions une forte participation ; nous pensions qu’un nombre significatif de républicains « respectables » refuseraient de voter pour Trump ; nous étions sûrs que la frange féminine en faveur de Hillary serait bien plus importante ; nous n’avions pas anticipé un sursaut parmi les électeurs dans ces régions rurales et blanches d’États comme l’Ohio ou le Wisconsin. À vrai dire, Hillary a perdu en raison de toute une série de facteurs – beaucoup de raisons dont aucune, s’il en avait été autrement, n’aurait changé le résultat.

 

« Les partis de centre gauche ont perdu la majorité des classes laborieuses qui était leur base »

Dans cette campagne électorale violente, Donald Trump a rompu les limites du politiquement correct. Des manifestations ont eu lieu contre son élection. Devons-nous craindre que l’Amérique soit aujourd’hui plus divisée que jamais ?

Le pays est sans doute divisé, mais pas dans le sens qui convient aux espoirs partagé par le peuple de gauche. C’est peut-être le cas en Europe, et ça l’est assurément aux États-Unis : les partis de centre gauche ont perdu la majorité des classes laborieuses qui étaient leur base. Ils sont devenus les partis des classes supérieures éduquées et des minorités ethniques et religieuses. Vous pourrez vous faire une idée si je vous raconte l’histoire de mes deux villes. Ici, à Princeton, dans le New Jersey, où je vis aujourd’hui, dans l’une des villes les plus riches des États-Unis, Hillary a gagné à 8 voix contre 1. À Johnstown, en Pennsylvanie, où j’ai grandi, une ville sidérurgique où les usines ont fermé et sont littéralement en train de rouiller, et qui fut un bastion démocrate, Trump a été victorieux. Nous n’avons pas encore fait la part de ce qui relève des raisons économiques et des raisons liées aux questions raciales et de genre. Nul doute que les deux sont liés : les hommes et les femmes qui, économiquement, ne voient pour eux-mêmes aucun futur sont sensibles aux discours politiques fondés sur le ressentiment, la peur et la discrimination.

 

Cette élection peut-elle bouleverser l’équilibre géopolitique du monde ?

Nous devrions sérieusement commencer à nous inquiéter. Mais il est très difficile d’imaginer ce que Trump fera à l’étranger. Je ne peux pas croire qu’il puisse annuler l’accord sur le nucléaire iranien. Il pourrait, mais ne le fera sans doute pas, se retirer formellement de l’accord de Paris sur le climat – mais il paraît certain que les États-Unis dans les années à venir n’essaieront même pas de respecter les critères fixés à Paris. Parviendra-t-il à un accord avec Poutine, lui laissant les mains libres en Syrie et à l’est de l’Europe ? Il le pourrait bien, même s’il y aura de fortes oppositions au sein du Parti républicain. Entamera-t-il une guerre commerciale avec la Chine ? Une fois encore, il le pourrait, mais de nombreux cadres d’entreprises américains, appartenant pour beaucoup aux classes capitalistes, n’y sont pas favorables. Pour le dire simplement, c’est un chien fou.

 

Qu’espérer à l’avenir ?

Je préfère écrire à propos de ce qu’il conviendrait de faire. Je ne sais pas exactement ce qu’il faut espérer, mais je crois qu’il est très important pour des gens comme moi et tous mes amis politiques de faire deux choses, qui peuvent sembler contradictoires. Primo, nous devons nourrir une critique et une analyse aiguës à gauche et, secundo, nous devons participer à la reconstruction d’une politique centriste. La gauche est affaiblie et désorientée. Il nous faut entamer un long processus de compréhension et, en même temps, il nous faut maintenir une voix critique, qui s’en prenne aux politiques économiques néolibérales qui, pour partie, sont responsables de la montée de l’extrême droite. Et il nous faut défendre l’idée de social-démocratie et quoi qu'il puisse rester des acquis de la social-démocratie. Mais en même temps, il faut que nous supportions les forces centristes qui entendent rétablir la parole civique, la tolérance raciale et religieuse, et un engagement éclairé pour la raison et la vérité. Ce ne sont pas que des principes de gauche. Ils ont un écho beaucoup plus large et il nous faut aider tous ceux, hommes et femmes, qui se reconnaissent dans leur valeur.

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