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© Yijun “Pixy” Liao

Dossier / L’étrange gravité du sexe

Raja Halwani : “Le consentement ne suffit pas à qualifier l’acte sexuel d’éthique”

Raja Halwani, propos recueillis par Victorine de Oliveira publié le 08 juillet 2021 9 min

Le consentement est-il suffisant pour qu’une relation sexuelle soit équilibrée ? N’est-il pas une entrave au désir et au plaisir ? Comment, dès lors, des partenaires peuvent-ils établir une véritable égalité sexuelle entre eux ? Professeur de philosophie à la School of the Art Institute de Chicago et spécialiste d’éthique sexuelle, Raja Halwani esquisse les conditions d’un rapport sexuel éthique.

 

Prenons les choses étape par étape. Avant que deux personnes ne se retrouvent au lit, il y a une première phase de séduction. La morale n’en prend-elle pas d’ores et déjà un coup, puisque séduire, c’est aussi mentir un peu ?

Raja Halwani : D’une certaine façon, oui. Quand les gens veulent séduire, ils portent du maquillage, des vêtements qui les mettent en valeur, ils tentent de ressembler à la meilleure version d’eux-mêmes en cachant leurs défauts – le petit ventre, un bouton, etc. Au cours de la conversation, ils disent des choses susceptibles de conquérir l’autre personne : « Moi aussi j’adore ce film ! » Même si, en réalité, ils le détestent ou ne l’ont même pas vu. Ce sont des mensonges. Mais le sont-ils au sens usuel du terme ? La définition standard du mensonge consiste à donner consciemment une fausse information à quelqu’un afin de le tromper. L’autre personne n’a évidemment pas du tout con­science d’être trompée. Qualifier la séduction de mensonge dépend donc de la conscience qu’ont les protagonistes d’être en plein jeu de séduction. Imaginons que deux personnes se rencontrent dans un bar, puis couchent ensemble. Et l’une de s’exclamer soudain : « Tu m’as menti, je ne savais pas que tu avais du ventre ! » C’est hautement improbable. Tout le monde a plus ou moins conscience que la séduction implique un peu d’esbroufe. Le flirt suppose de faire et de dire des choses destinées à nous rendre attirants aux yeux d’autrui. Ce n’est certes pas de l’honnêteté à 100 %, mais cela ne relève pas non plus du mensonge.

 

Une fois rentrés du bar, fait-on l’amour ou couche-t-on ensemble simplement ? Qu’impliquent ces deux formules d’un point de vue éthique ?

La réponse la plus immédiate à cette question est que « faire l’amour » est la version teintée de mysticisme de « coucher avec quelqu’un ». Si quelqu’un dit : « J’ai fait l’amour à mon épouse hier », on comprend que cette personne a couché avec sa femme. Dans le cas d’un club de rencontre gay, si deux hommes s’envoient en l’air, « faire l’amour » n’est toutefois pas vraiment une expression adéquate. 

 

En matière de sexe, les difficultés ne viennent-elles pas du fait que tout dépend du contexte ?

On peut définir des situations. Le coup d’un soir, par exemple : un couple marié ne peut le pratiquer, puisqu’il suppose l’absence d’attache, de lendemain. Par définition, le coup d’un soir exclut l’engagement. Une fois cela posé, on peut se demander si le coup d’un soir est moral ou non. C’est là que le contexte entre en jeu. D’une façon générale, s’il y a consentement, ou si chaque partenaire fait attention aux besoins de l’autre, on qualifie le rapport d’éthique. Mais le contexte est déterminant, parce qu’un tout petit détail peut parfois faire basculer la situation.

Traduit par Victorine de Oliveira
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